Les jeunes promoteurs sont souvent accusés d'agir «hâtivement en choisissant des créneaux saturés ou peu lucratifs». L'Ansej (Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes) a donné satisfaction à 29,33% des dossiers déposés à son niveau, pour le premier semestre 2004. A la première lecture de ce chiffre, il semblerait que le dispositif Ansej, lancé officiellement en 2001, n'a pas tenu toutes ses promesses. Les résultats engrangés grâce à cette formule sont significativement en deçà des attentes juvéniles. Ce résultat, plutôt modeste, s'explique par le fait que le quitus accordé par l'Ansej aux jeunes promoteurs ne s'avère, en fin de compte, qu'une simple formalité face à l'incontournable et laborieux aval de la banque. Pour les responsables de l'Ansej, ainsi que ceux des banques mises à contribution, l'implication «excessive» des établissements financiers a pour objectif de «mieux orienter les jeunes» conformément à la devise: «Mieux vaut être un chômeur qu'un chômeur endetté.» Les jeunes promoteurs sont souvent accusés d'agir «hâtivement en choisissant des créneaux saturés ou peu lucratifs». La même procédure est appliquée dans le dispositif Cnac (Caisse nationale d'assurance chômage) dont peuvent bénéficier les chômeurs âgés entre 35 et 50 ans. Les mêmes raisons ont été mises en avant. Il ressort, de ce nouveau dispositif, une réalité économique autre que celle que le gouvernement veut faire admettre. En fait, les candidats à l'aide de l'Etat pour la création de leurs propres microentreprises, ont des rapports plus étroits avec les banques qu'avec l'Ansej ou la Cnac. Ces deux mécanismes sont presque réduits à incarner un rôle de figurants tout au long du processus que prend l'opération d'octroi de projets. Cet état de fait contraste profondément avec les instructions du chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia. La politique gouvernementale a confié l'essentiel de la tâche à l'Ansej et à la Cnac en décidant des suites à donner à chaque dossier. Les banques, particulièrement publiques, ont été priées de financer tout projet ayant acquis l'avis favorable. S'estimant dans «l'obligation» d'assumer un rôle plus prépondérant, ces sources de financement ont imposé une pratique qui n'était point prévue préalablement : des missions de contre-expertise ont été instaurées dans chaque banque. Les chiffres communiqués par l'Ansej témoignent de leur rigueur (sur 59% des dossiers traités favorablement par l'Ansej, seuls 29,33% ont reçu le feu vert des contre-expertises bancaires). Le fait n'est pas sans susciter des équivoques. Ce qui taraude le plus est de savoir pourquoi les banques sont aussi sourcilleuses sur la rentabilité d'une activité du moment que l'Etat, via ses deux relais, assure le remboursement des crédits accordés aux jeunes chômeurs. D'une manière globale, le rejet massif des dossiers constitués par les jeunes sans emploi renvoie à une problématique cruciale, celle de savoir: le pays peut-t-il réellement amortir le taux du chômage quand les institutions bancaires se hissent en palissades quasi-infranchissables contre les ambitions juvéniles en matière d'emploi? D'ores et déjà, l'on peut affirmer que l'optimisme béat qu'ont provoqué les nouvelles orientations de l'Etat en ce domaine s'effiloche à mesure que la mainmise des banques prend de l'ampleur.