Dans les pays développés, la préparation d'un athlète de haut niveau nécessite un minimum de 3 millions de dollars. Le président du Comité olympique algérien ( COA) a tenté de faire une évaluation exhaustive et objective de la participation algérienne aux derniers Jeux olympiques d'Athènes (13-26 août). Invité au forum de Djazaïr News, Mustapha Berraf a, d'emblée, reconnu qu'une halte dans le mouvement sportif national s'impose pour faire le point de la situation. Selon Mustapha Berraf, «le sport est exportateur, au même titre que Sonatrach, de l'image de marque du pays au plan médiatique mais les pouvoirs publics n'ont jamais daigné lui donner de l'importance». Pour le premier responsable du sport national «l'Algérie n' a pas une politique du sport bien définie. Le sport est la cinquième roue de la charrette». Argument à l'appui, il affirmera que la loi de finances 2004 n'a accordé que 32 milliards de centimes pour les différentes fédérations. «Dans les pays développés, la préparation d'un athlète de haut niveau nécessite 3 millions de dollars, alors que celle d'un Algérien stagne à 250.000 dollars» souligne le président du COA. De ce fait, pour M.Berraf, cette débâcle était prévisible. «Lors de mon intervention au forum d'El-Moudjahid, j'avais déclaré qu'il n' y aura pas de résultats positifs en raison de l'absence de moyens mis à la disposition des athlètes». Sur sa lancée, le président du COA s'interroge: «Comment voulez-vous avoir de bons résultats quand aucun centre de préparation des équipes nationales n'existe en Algérie?» Tandis que ceux existants sont soit délaissés, soit fermés depuis 3 ans pour restauration. Pour illustrer ses dires, M.Berraf citera l'exemple du centre de Serraidi d'Annaba qui «est occupé par les vaches et les moutons». Pourtant la sonnette d'alarme a été tirée bien avant, mais «elle est restée sans écho», affirme le conférencier avant d'ajouter, en enfonçant le clou, «les recommandations du comité interministériel n'ont pas été suivies de faits». D'ailleurs, M.Berraf rapportera un fait inédit: «Cela fait 2 ans que le chef de l'Etat a posé la première pierre d'un centre de formation pour jeunes footballeurs et, à l'heure actuelle, les travaux n'ont pas encore démarré». Et le résultat de cette absence d'infrastructures et de politique de formation s'est répercuté singulièrement sur l'équipe nationale de football qui a été balayée (3 à 0) par le Gabon s'enlisant ainsi en queue du classement du groupe 4 des éliminatoires jumelés pour la CAN et le Mondial 2006. Questionné sur cette nouvelle déroute, M.Berraf a logiquement renvoyé la balle à M.Raouraoua en estimant que «c'est à la FAF de tirer les enseignements qui s'imposent». Des leçons que le Comité olympique se doit lui-même de tirer au plus vite après le ratage d'Athènes d'autant que les jeux sportifs Arabes d'Alger approchent à la vitesse grand «V». Retrouvant un certain optimisme et une certaine assurance, Mustapha Berraf a précisé qu'en dépit «des résultats techniques négatifs, la situation n'est pas catastrophique», prenant sur lui de défendre la délégation algérienne qui a pris part à ces joutes olympiques. «Nos athlètes ont fait une représentation honorable à Athènes». Le président du COA a indiqué que l'absence de médailles ne signifie nullement «l'échec de la participation algérienne à ce rendez-vous universel» et il cite l'exemple de nombreux athlètes qualifiés en finale de leurs disciplines respectives «ce qui constitue une performance remarquable de leur part». Apostrophé sur l'absence des médailles promises, M.Berraf a formellement démenti qu'il a tablé sur cinq médailles aux JO d'Athènes, en insistant sur le fait qu'il s'est fixé des objectifs et non des pronostics. «Il faut faire la différence entre pronostics et objectifs. Je n'ai jamais donné de pronostics, mais des objectifs que les fédérations ont avancés» relevant au passage que certains ont tablé sur «le chiffre de 10 médailles, par ceux-là mêmes qui tirent aujourd'hui sur les ambulances». Profitant de la présence des présidents de fédération, Mustapha Berraf a appelé à l'amélioration du niveau du sport en général, et non seulement le sport de performance pour atteindre , à l'avenir les résultats escomptés. Mais pour ce faire «il est impératif que l'Etat prenne ses responsabilités en mettant les moyens adéquats et aux techniciens de se remettre au travail et aussi en cause» a-t-il conclu.