Le président du COA indique donner sa priorité au sport féminin. «Le comité olympique algérien est une organisation non gouvernementale qui se trouve au sommet de la hiérarchie du mouvement sportif national qui fait état de 18.000 associations regroupant quelque 2 millions et demi d'athlètes licenciés». C'est en ces termes que M.Mustapha Berraf, le président du Comité olympique algérien a introduit sa prestation lors du forum de l'Entv. Une prestation où il a eu à répondre à des questions dont quelques unes étaient des plus pertinentes et dont les réponses ont permis de lever le voile sur un certain nombre de contradictions voire d'aberrations qui ont cours dans le sport algérien et sa méthode de gestion. D'ailleurs, le point crucial du débat qui s'est instauré samedi après-midi a tourné autour de la fameuse participation de l'Algérie aux derniers Jeux olympiques d'Athènes, une participation marquée par une absence totale de médailles de la part de nos athlètes. M.Berraf a reconnu que cette participation a été en deçà des attentes des Algériens dans leur ensemble. «Cependant, il faut relativiser ces résultats, a-t-il dit. L'athlète lorsqu'il concoure, le fait pour s'illustrer, c'est-à-dire pour obtenir le meilleur résultat possible. Ilès a été finaliste olympique et a raté une médaille pour quelques millièmes de secondes. D'autres athlètes comme Saïd-Guerni ont également failli le jour où il ne fallait pas, c'est-à-dire lors de la finale. Un athlète, il faut le comprendre. C'est un être humain qui a ses problèmes personnels et dont il faut tenir compte. Lorsqu'il gagne, on le glorifie, mais lorsqu'il perd, on cherche à le détruire. Est-ce là une démarche raisonnable ? Cet athlète-là, il faut savoir se mettre à ses côtés, le soutenir, le sensibiliser, l'amener à se remettre en question pour qu'il reparte à la bataille avec une mentalité de gagneur. Une préparation olympique, c'est 4 années de préparation, de travail, de souffrance et de privations. Imaginez un peu l'état d'esprit de cet athlète lorsqu'il voit qu'il s'est sacrifié pour rien. Il s'agit donc, de le comprendre». Le COA ne sait pas combien prennent les athlètes Le président du Comité olympique algérien a alors tenu le langage de la franchise pour expliquer dans quelles conditions nos athlètes sont envoyés aux Jeux olympiques. «Avant les jeux d'Athènes, a-t-il indiqué, les installations du complexe olympique d'Alger étaient fermées pour restauration en vue des Jeux arabes. Nos athlètes ont donc dû se tourner vers l'étranger pour se préparer. On leur a accordé des bourses pour cela, mais le Comité olympique n'a pas été associé à cette opération. Je peux vous certifier que le COA ne sait pas combien prend tel ou tel athlète. En outre, lorsque celui-ci est à l'étranger, nul ne sait ce qu'il fait réellement. Il est impératif que cela change. Il faut injecter dans le système des mécanismes qui fassent savoir qui prend quoi et que l'on sache où se trouve notre athlète et où il en est en matière de préparation. Par ailleurs, il y a carence au niveau de la base c'est-à-dire au niveau des clubs. Ces derniers fonctionnent toujours avec une mentalité d'amateur, alors qu'ailleurs, c'est la rigueur du professionnalisme qui fait rage. Comment pouvez-vous demander au sportif algérien qui s'entraîne une heure par jour selon la méthode sport et travail, juste pour maintenir la forme, de se mesurer à un sportif étranger qui sue et travaille 6 à 8 heures par jour et de le battre?» Profitant du fait qu'il abordait ce thème, Mme Samia Benmaghsoula, directrice technique nationale de la natation a pris la parole pour mettre en exergue les difficultés que rencontrent nos nageurs pour se préparer. Alger ne dispose que d'une seule piscine olympique, alors que celle d'Oran qui est prête, n'est pas ouverte car en attente d'être inaugurée. Le débat s'est ensuite orienté sur le problème financier et la question de savoir pourquoi les Algériens vont se préparer à Cuba qui dispose de moins de moyens que notre pays. Le premier volet, M.Berraf fera savoir que la subvention pour la préparation aux Jeux méditerranéens qui auront lieu en juin prochain à Almeria en Espagne n'a pas encore été versée aux fédérations. «Nous sommes habitués à ce genre de situation», dira le président du COA. «L'argent de la participation aux Jeux olympiques d'Athènes qui s'élève, et je tiens à le souligner, à 1 milliard 200 millions de centimes, plus 700 millions de frais de transport, n'a été viré au compte du COA qu'après les Jeux. C'est la même situation que nous avons vécue avec les Jeux sportifs arabes. Pour ce qui est du choix de Cuba pour se préparer, cela est d'ordre conjoncturel. L'athlète a besoin d'aller là-bas où il trouve d'excellentes conditions pour se préparer, mais également des sparring-partners. Ceci dit, chez nous, on ne lui facilite pas les choses pour s'entraîner. Imaginez un athlète qui court pour le pays à qui on demande de payer pour pouvoir jouir des installations d'une infrastructure appartenant au pays dont il défend les couleurs. Voilà le genre d'aberrations qui sont monnaie courante chez nous dans le domaine sportif». S'agissant du sponsoring sportif, le président du COA fera savoir qu'il n'est pas d'un grand apport pour le sport algérien. «Les grandes entreprises publiques sont en situation de monopole. Elles n'ont donc pas tellement besoin d'un soutien publicitaire». S'agissant du marché de l'équipement sportif, M.Berraf indiquera «qu'il n'est ni organisé, ni fonctionnel. Les grandes marques comme Nike, Adidas, Le Coq Sportif hésitent à venir s'installer chez nous. Elles nous demandent de lutter, d'abord contre la contrefaçon. Le Coq Sportif qui habille nos athlètes a fait l'an dernier un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros. Avec l'Algérie, il n'a réalisé que 10.000 euros. C'est absolument rien et ses responsables trouvent anormal ce chiffre alors que le maillot des verts avec le logo est porté aux quatre coins du pays». Pour ce qui est du centre de préparation des équipes nationales de Tikjda, M.Berraf indiquera qu'il est «prêt à 95%» Questionné sur le devenir de l'hôtel Djurdjura qui se trouve sur ce site , il dira que «le problème est entre les mains de Monsieur le chef du gouvernement et je sais qu'il tranchera en toute objectivité. Cet hôtel a subi les affres du terrorisme et est en voie de restauration. Au départ, suite à une convention signée avec le Cnslt, propriétaire des lieux, le COA s'est vu attribuer cet hôtel. Mais l'assemblée générale de la société Gestour a refusé le transfert. Quel que soit le futur propriétaire de cet hôtel, j'espère qu'il saura le gérer de la meilleure manière qui soit sachant qu'il est appelé à recevoir une clientèle essentiellement sportive». Une question a concerné la récente convention signée par l'Ansej et le COA, «Une convention dira Berraf, qui concerne les anciens athlètes olympiques. Ces derniers sont comme marginalisés et certains d'entre eux vivent dans une extrême précarité. Cet accord vise à les aider pour les lancer dans des opérations qui puissent leur permettre de subvenir à leurs besoins». Le Futsal ou football en salle que vient de lancer la FAF, a également été abordé. «Le football est un sport populaire et le futsal est une discipline inscrite dans le programme de la FIFA. Cependant, s'agissant de l'Algérie je pense que ce n'était pas le moment de le lancer car notre pays ne dispose pas d'assez de salles pour supporter les programmes de toutes les fédérations sportives. Il y a des sports collectifs et même individuels qui pâtissent de l'introduction du Futsal. Je pense que la priorité doit d'abord être donnée au football en plein air». Un seul cas de dopage Sur le problème du sport scolaire, le président du COA fera savoir «que la pratique sportive est un droit pour chaque Algérien. C'est pourquoi le sport scolaire doit être développé. La nouvelle loi sur le sport, qui en fait une matière obligatoire, est venue bien à propos pour rectifier le tir». Quant à la participation de la femme dans les affaires du sport, M. Berraf annoncera qu'il en fera une priorité. «La première médaille d'or olympique de l'Algérie a été obtenue par une femme, Hassiba Boulmerka. Il paraît impensable de marginaliser l'élément féminin car il est partie prenante du développement dans le sport. Il y a des mécanismes qui empêchent la femme d'atteindre des postes de responsabilités alors que ses compétences sont avérées. C'est à elle de se battre pour se faire entendre et le COA sera là pour la soutenir. Notre organisation poursuivra inlassablement son oeuvre qui vise à amener la femme à s'adonner à la pratique sportive». Sur la question du dopage, M.Berraf soulignera «que notre pays n'en a connu qu'un seul à un très haut niveau, celui de Saïdi-Sief. L'athlète a été blanchi en partie et a pu reprendre la compétition». En outre, le président du COA se félicite de la prochaine création d'un centre national de contrôle anti-dopage. «Cela va alléger nos dépenses car, jusqu'à présent, en dehors du football, tous les contrôles envoyés à l'étranger sont à la charge du COA. Il paie même les cotisations des fédérations sportives à l'agence mondiale antidopage». Enfin, une question a concerné le problème du basketteur Ali Bouziane, que les Français revendiquent : «Je peux annoncer que ce problème va être résolu. Bouziane veut jouer pour l'Algérie et il sera parmi nous pour le prochain championnat d'Afrique des nations».