Premier film d'une série commémorant le 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne. Habitué à la réalisation d'émissions de variétés, Abdelhamid Teitache s'est essayé à un nouveau genre de tournage : le documentaire historique. Lors d'une projection presse, le réalisateur a présenté, lundi dernier, son premier documentaire au siège de l'Entv en présence notamment de M.Harhoura, directeur de production, chef d'unité fiction et M.Souleimane Bakhlili, directeur de la production des programmes. Ce documentaire de 52 mn, baptisé Dimanche noir, retrace par reconstitution de faits, par l'intervention de témoins oculaires (moudjahidine et citoyens encore en vie), l'horrible carnage commis par la soldatesque coloniale lors du sanglant jour du 29 septembre 1956, plus connu sous l'appellation Dimanche noir. Le thème de l'intitulé évoque une journée fériée ordinaire au centre-ville de Biskra, où de paisibles citoyens algériens vaquaient paisiblement à leurs occupations quotidiennes ne doutant guère du mal qui va s'abattre sur eux en début de cette journée fatidique. Un ratissage sans précédent qui a vu la mort de près de 300 personnes parmi les habitants de la région. Ce carnage, nous apprend-on, est l'oeuvre d'une «vengeance aveugle» perpétrée sur les civils suite à l'assassinat d'un officier de l'armée française par le maire, le présumé assassin. Des images de reconstitution en noir et blanc viennent étayer ces souvenirs tragiques, cette boucherie survenue à l'ex-boulevard Cardinal Lavigerie (aujourd'hui Si El Haouès), avec remise en place de la statue du cardinal sur son socle d'origine. Des rescapés témoignent de ce terrible épisode de la lutte de Libération nationale. Natif de Biskra, le réalisateur dit avoir voulu faire un film en 1983 autour de cet événement à l'époque où il était assistant de Hassan Bouabdellah. Hélas, le film n'a pu se faire. Quinze ans après, il décide tout de même d'en faire un documentaire, mêlé à de la fiction. Ayant le mérite d'avoir levé le voile sur un épisode ignoré ou peu connu de notre histoire, ce documentaire un peu creux et dénué d'émotion, malgré la gravité des témoignages, aurait gagné à être approfondi davantage et le sujet plus étoffé par des reconnaissances de l'armée française ou tout au plus, par quelques témoignages d'hommes historiques avec analyse de la situation. Il est vrai que ce carnage, à l'image de la torture, est difficilement avouable, mais des témoignages autres que de simples citoyens corroborant les faits de l'histoire, auraient donné plus de poids au documentaire. Avec un coût de 60 millions de centimes, ce film manque tout de même de ce quelque chose, de ce petit «truc» qui fait qu'un film «touche». Photos et archives à l'appui n'y feront rien.