Les bénéficiaires, qui continuent à faire pression sur les pouvoirs publics, voulaient leurs logements avant le ramadan. Environ 1700 logements sociaux ont été squattés à travers le territoire de la wilaya de Béjaïa, et ce, durant les événements qu'a connus la région depuis maintenant sept mois. Si partout ailleurs l'évacuation des indus occupants s'est faite sans heurts comme c'est le cas à Amizour, Oued Ghir et Tala Hamza, à El Kseur, Timezrit, Berbacha, Akbou c'est encore le statu quo. A Béjaïa-ville le problème est encore plus sensible. Les rapports entre les bénéficiaires et les «squatters» risquent de dégénérer en affrontements sanglants. «Le retard mis dans l'étude des dossiers des recours par la commission de l'APW est en partie à l'origine de cette situation inextricable», nous avance ce citoyen qui ne voit d'autre solution que l'évacuation par la force. La dernière action entreprise a failli tourner au drame. L'affrontement a été évité de justesse. La marche des bénéficiaires avait pour principale revendication «l'application des décisions de justice». Le pire a été évité grâce à la présence de la police entre les deux groupes (bénéficiaires et squatters). Les autorités, qui avaient reçu le même jour et le lendemain une délégation des bénéficiaires, s'étaient engagées, à en croire ces derniers, à un dénouement proche dès que les procès-verbaux des huissiers de justice seront fin prêts. Pour rappel, quelque 500 logements ont été squattés aux cités Krim-Belkacem et Tala-Oumane le 16 juin dernier et l'affaire s'est compliquée encore plus dès le lendemain lorsque les autorités locales ont procédé à l'affichage de la première liste des bénéficiaires. L'OPGI avait une semaine après déposé plainte contre les squatters suivie d'une autre, cette fois-ci en pénal avec le concours de deux avocats. Le caractère d'extrême urgence du traitement de l'affaire a été retardé par le jugement nominatif (chaque indu occupant est jugé à part) et le refus de certains indus occupants de décliner leur identité arguant que leur situation est aussi précaire que la majorité des bénéficiaires. Les squatters qui comptent même des sinistrés de Beni Maouche campent sur leur position et refusent de quitter les lieux. Pour l'organisme de gestion, le manque à gagner s'élève à 15 milliards de centimes par an répartis entre le paiement du gardiennage et les recettes de loyers. Les logements en question ont été livrés par l'OPGI à l'APC depuis plus de deux ans. Devant le nombre considérable de demandeurs, l'attribution de ces logements a traîné dans le temps, les contrôles effectués par la commission communale d'attribution sur le terrain ajoutés à l'étude des milliers de recours par la commission de l'APW qui ont, rappelons-le, donné lieu à des dissensions entre l'APC, l'APW et le wali sont autant d'éléments qui illustrent le caractère sensible des logements à Béjaïa. Si l'issue des poursuites judiciaires est en faveur des bénéficiaires l'opération d'évacuation, quant à elle, risque d'être mouvementée. La difficulté est d'autant plus grande qu'elle intervient dans une conjoncture très sensible.