Avant de songer à l'examen, il faut d'abord s'assurer les moyens de le passer. Les étudiants n'ayant pas eu leur année au mois de juin écoulé, passent, depuis avant hier, les examens de rattrapage. Les recalés en session ordinaire abordent ce cap décisif dans des circonstances particulièrement difficiles ni transport universitaire, ni restauration, ni même une chambre décente et sécurisée. Etrangement, les bacheliers concernés par cette épreuve ne sont point inquiétés par une telle situation. Pour la plupart, ils ont, à leur corps défendant, pris l'habitude de faire «bon ménage» avec toutes les pérégrinations qui les guettent en cette période précise. Les vicissitudes quotidiennes à supporter diffèrent d'un bachelier à l'autre selon le nombre d'examens à passer. Ceux qui sont concernés par ces épreuves jusqu'au 30 septembre, y laisseront inévitablement des plumes. «Pour couvrir mes besoins quotidiens les plus élémentaires, il me faut au minimum 250 DA», fulmine Hamid, un étudiant en français à la fac de Bouzaréah. Une somme relativement importante pour une personne qui a une bourse trimestrielle de 2700 DA. Comme on peut s'en douter, Hamid s'est préparé matériellement à affronter ces moments, pendant les vacances puisqu'il s'était mis au travail dès qu'il a su ce qui l'attendait en septembre. Comme Hamid, la plupart des bacheliers sont astreints à se débrouiller, l'été, pour ne pas rater les examens à cause des problèmes financiers. Une fois cette formalité accomplie, l'étudiant risque ne pas connaître les résultats des délibérations à temps surtout que les préparatifs pour la prochaine rentrée universitaire ont pris un retard considérable. La date limite des recours des nouveaux bacheliers, fixée pour le 31 août n'est aucunement respectée. Les universités et autres instituts submergés de demandes de réorientation ont été contraints de proroger le délai de réévaluation pédagogique de certains dossiers. Par conséquent, non seulement les étudiants ne prendront pas connaissance des notes qu'ils ont obtenues, mais ce sont toutes les universités qui en ressentiront les effets préjudiciables en se trouvant incapables d'ouvrir leurs portes comme convenu préalablement. Toutes ces lézardes pourraient être accentuées par un bras de fer des plus durs compte tenu de l'attitude menaçante du ministre de l'Enseignement supérieur, M Harraoubia, à l'égard des syndicats des enseignants et ceux des étudiants. Toutes ces lacunes, et non des moindres, réunies sont l'ensemble des clignotants qui se mettront au rouge. Nombre d'universitaires s'accordent à dire qu'une rentrée universitaire n'a jamais été aussi incertaine que celle de cette année. C'est maintenant que l'on commence à se rendre compte que l'amélioration des résultats du Baccalauréat ne sera d'aucun apport si des infrastructures d'accueil ne sont pas mises en place pour assurer à chaque universitaire un cursus instructif et efficace, répondant au normes internationales. En un mot, l'état des lieux ne prête guère à l'optimisme. Car mettre l'université algérienne dans le moule de l'universalité est d'abord une question de moyens et d'organisation.