Le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu a lancé hier la campagne de son parti pour les législatives du 7 juin en promettant, en cas de victoire, le passage à un régime présidentiel voulu par le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan. «Nous estimons indispensable que la structure administrative soit remaniée dans le cadre d'un système présidentiel», a dit M.Davutoglu, chef du parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir depuis 2002. «Les conflits de pouvoirs ont provoqué des crises en Turquie (...) un système présidentiel permettra d'empêcher la discorde», a-t-il ajouté lors d'un discours enflammé, prononcé devant des milliers de partisans réunis dans une salle de sports d'Ankara. M. Davutoglu s'est fixé pour objectif ambitieux de rallier 55% des suffrages et a confirmé que son parti amenderait, en cas de victoire, l'actuelle Constitution de 1980, qui accorde le pouvoir exécutif au chef du gouvernement. Homme fort de la Turquie depuis 2003, M. Erdogan a été contraint de quitter la tête du gouvernement, victime d'un règlement de l'AKP qui interdit à ses membres d'effectuer plus de trois mandats successifs. Elu président en août dernier, il souhaite désormais changer la Constitution pour conserver les rênes du pays. Pour y parvenir, il a besoin d'une majorité des deux tiers des 550 députés pour réformer directement la loi fondamentale ou, à défaut, d'une majorité des trois cinquièmes du Parlement pour proposer un référendum constitutionnel. Tous les sondages créditent l'AKP, qui a réalisé un grand chelem en remportant tous les scrutins depuis 2002, d'une large victoire aux législatives, mais pas de ses majorités qualifiées.