Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire L'officiel français qui décorera six anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale, entend faire bouger quelques lignes au nom du principe du «devoir de vérité». Le contentieux mémoriel algéro-français sera-t-il soldé le 8 mai prochain? La question est de mise à la lumière des déclarations du secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini. Dans une déclaration faite hier à l'APS, le ministre français, attendu aujourd'hui à Alger, a évoqué la date du 8 mai 1945 sur un ton qui amène à penser que l'Etat français pourrait surprendre son monde. Annonçant officiellement sa participation à la cérémonie commémorative du 70è anniversaire des massacres du 8 mai 1945, Jean-Marc Todeschini rappellera les avancées du discours français sur les questions mémorielles. Il mettra en évidence le geste hautement symbolique de l'ancien ambassadeur de France à Alger, comme il citera la déclaration du président François Hollande. «Pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata» avait affirmé le président Hollande. «La vérité doit être dite sur la guerre d'Algérie», avait encore souligné le chef de l'Etat français. L'officiel français qui décorera six anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale à Alger-même, entend faire bouger quelques lignes au nom du principe du «devoir de vérité». La démarche de l'Etat français, vraisemblablement assumée au plus haut niveau donne de la profondeur à la participation du président Hollande à la commémoration d'un autre massacre, celui du 17 octobre 1961. Des gestes qui apportent à la société française autant d'arguments pour faire un véritable «examen critique du passé colonial». L'Etat français qui semble, ces dernières années, plus enclin à «sortir de l'affrontement mémoriel» pour s'engager sur la voie de la reconnaissance du mal profond provoqué par le système colonial, préconise de voir la vérité en face sans «dissimulation, ni amnésie, ni déni». Il reste que les pas dans la bonne direction réalisés par la France demeurent, faut-il le souligner, insuffisants tant que la loi du 23 février 2005 est encore en vigueur dans la législation française. Il y a lieu de rappeler que ce texte qui a plongé les relations françaises dans un «froid sidéral» glorifie la colonisation et en fait une oeuvre civilisatrice. Les déclarations, la même année, de l'ambassadeur de France Hubert Colin de Verdrière qui a qualifié les massacres du 8 mai 1945 de «tragédie inexcusable» et celle de son successeur en poste à Alger, Bernard Bajolet, annonçant la «fin de la dénégation», ainsi que la déclaration de Nicolas Sarkozy en 2007 sur la «nature injuste du colonialisme», n'y ont rien fait. La raison tient du caractère trop superficiel de la dénonciation du crime colonial. Aujourd'hui, les deux pays ont engagé un partenariat stratégique dans beaucoup de secteurs. Les questions mémorielles ne constituent plus une entrave au développement de la coopération, mais restent toujours essentielles.