Le Printemps amazigh a été le déclencheur de l'ouverture du champ politique et du multipartisme L'Oranie, par le biais de l'association Numidia d'Oran et des étudiants, ne fait pas de cette date une occasion à dépersonnaliser... ou encore de la contourner. Demain, c'est le Printemps... amazigh, Tafsut Imazighen. Le Printemps berbère n'est pas comme les autres connus habituellement. Il a été le prélude du processus de la démocratisation de l'Algérie neuf années après son déclenchement dans l'université de Tizi Ouzou avant qu'il ne se propage vers le reste de la Kabylie. Le Printemps amazigh, tel que vu par les politologues a été le déclencheur de l'ouverture du champ politique et du multipartisme suivie de celle du champ médiatique et l'avènement de la presse indépendante. Ses acteurs sont connus, ils sont 24 meneurs qui ont été arrêtés et incarcérés à la prison de la Sûreté d'Etat de Berrouaghia. Un seul motif, qui n'est pas des moindres, a servi d'étincelle: l'interdiction de la conférence devant être animée à l'université d'Alger par l'auteur de L'Opium et le Bâton, en l'occurrence Mouloud Mammeri. La démocratisation de la société algérienne Le Printemps berbère constitue un repère irréfragable dans l'histoire contemporaine de l'Algérie. Et depuis, sa célébration, malgré folklorique se limitant à des activités culturelles, est ancrée dans plusieurs wilaya du pays. En plus de la Kabylie, l'Oranie, par le biais de l'association Numidia d'Oran et des étudiants, ne fait pas de cette date une occasion à dépersonnaliser... ou encore de la contourner. Plus de trente années après son déclenchement, le Printemps amazigh demeure un repère important dans la démocratisation de la société algérienne en éveillant sa conscience et ressuscitant l'esprit nationaliste et l'amour de la patrie. Le Printemps amazigh, malgré la violence policière l'ayant réprimé durant toute une décennie, a pu asseoir sa notoriété étant donné qu'en moins de dix années, le pouvoir décisionnel politique des années 1980 s'est rendu à l'évidence en entamant des réformes de 1989 consacrant l'ouverture du champ politique. En 1995, suite à la grève du cartable, les décideurs d'alors ont ouvert le débat sur la question identitaire et l'avenir de la langue amazighe en mettant en place le Haut Commissariat à l'amazighité, le HCA. Le 12 mars 2002, tamazight est promue langue nationale. Et depuis, le combat mené se poursuit pour son officialisation. Le Printemps, Tafsut, est resté tel qu'il a été, revendicateur certes, mais mené pacifiquement sans aucune violence. L'avènement du printemps destructeur arabe n'a rien changé, d'où les raisons principales ayant motivé les Algériens à tourner le dos à ce printemps sanguinaire qui ne fait aucunement partie des traditions des hommes libres, Imazighen. Le Printemps amazigh est unique au monde étant donné qu'aucune arme n'a été utilisée lors de son déclenchement, contrairement au printemps arabe qui a abouti à la dévastation des pays l'ayant connu depuis 2001. 35 années après son déclenchement, le Printemps amazigh demeure toujours ce symbole de la revendication pacifique mais sereine. Depuis l'ouverture du champ politique, les partis politiques ne cessent de tenter d'accaparer ce symbole de la revendication identitaire. Le Printemps amazigh échappe à tout contrôle et à toute velléité visant sa politisation à des fins autres que celles que se sont tracées ses meneurs d'avril 1980. Le Printemps amazigh est, et restera un combat pacifique. A l'occasion de sa célébration, le MDS s'associe aux commémorations du Printemps amazigh. «Il (le MDS) salue les citoyennes et les citoyens qui s'emparent des dates des 18 et 20 avril afin de célébrer la lutte pour se réapproprier notre identité et faire reculer la hogra», lit-on dans le communiqué que le MDS vient de rendre public. Et d'ajouter, écrit le rédacteur du document, qu'«il s'agit d'un acte de mémoire, mais aussi d'une pierre de plus à l'immense édifice qui permet de tisser le lien entre le passé et le futur, enrichir les représentations de la personnalité nationale et faire reculer le despotisme». Le MDS fait du 20 avril une date hautement symbolique qu'il faut inscrire dans la pérennité. Dans son document il explicitera ses visions des choses en affirmant que «c'est aussi de l'ampleur et du contenu que nous donnons à ces cérémonies que dépendront autant l'avenir des revendications portées durant ces événements que la manière dont ils s'inscriront dans la mémoire». Il ajoute que «les citoyennes et les citoyens qui appellent à commémorer les 18 et 20 avril dans l'unité ne veulent laisser aucune force, vider des luttes immenses de leur sens politique, les réinterpréter ou établir un monopole». Le Printemps amazigh est démocratique. Conscient de cette évidence incontournable, le MDS explique que «les deux repères, Printemps amazigh et printemps noir, résistent ainsi aux tentatives de vider les revendications du Printemps amazigh et du printemps noir de leur contenu citoyen et démocratique». Pour le MDS, célébrer avril c'est se dresser face aux tenants du projet d'Etat théocratique qui sacralisent la langue arabe pour minoriser tamazight. Et d'ajouter que «les tenants du despotisme qui répondent à la revendication par la hogra et l'arbitraire voudraient dévoyer une manifestation culturelle pour opposer l'arabité à l'identité amazighe». Tout pour la promotion de tamazight «L'heure n'est plus aux combats d'arrière-garde contre tamazight mais à sa promotion résolue», plaide le MDS ajoutant que «le MDS dénonce avec vigueur les interpellations de militants qui préparaient des activités pour ce 20 avril». Pour le parti de l'avant-garde socialiste, ces interpellations apparaissent comme une grossière provocation. «Il est clair qu'en commémorant avril, les citoyennes et les citoyens contrarient les manoeuvres de ceux qui voudraient maintenir tamazight dans un rôle secondaire pour empêcher une appropriation moderne de l'identité nationale, une identité qui affirmerait l'algérianité», déplore le parti dans son document rappelant que «les origines des mouvements d'avril 1980 et 2001 ne sont pas uniquement en Kabylie et que leur portée dépasse la seule Kabylie». Au moment où se prépare une nouvelle Constitution, le MDS exhorte les citoyennes et les citoyens à peser de tout leur poids démocratique pour consacrer tamazight comme langue nationale et officielle.