Renfermant huit titres, ces textes traitent du social et du sentimental... Fou de musique chaâbie, hawzie et autres musiques maghrébines, Fateh Benlala vient de sortir aux Editons Belda Diffusion son 4e album, intitulé Maktouba. Un album enregistré et fabriqué à Paris, renfermant 8 titres aux sonorités valsant entre le néochaâbi, entendons par là et le chaâbi moderne et kabyle. Le titre-phare de l'album Maktouba se rapporte à la destinée humaine, malheureuse fût-elle. On ne peut y échapper. Sur un temps chaâbi bossa-nova, Fateh Benlala chante la providence d'une personne honnête qui tant bien que mal, essaie de donner le meilleur d'elle-même. Un altruisme et une bonté qui se retournent souvent contre lui. Dans Dekhli, il est question de trahison et de sournoiseries dans le regard...Dans Mal mali, le chanteur-musicien révèle tout l'amour qu'il porte pour La Casbah avec un seul souhait: qu'on lui redonne son lustre, dans l'espoir que les fils de Sidi Abderrahamane reviennent prendre soin d'elle. Baba Ghayou est une reprise du célèbre titre de Slimane Azem auquel Fateh Benlala rend hommage. «Je vis là-bas mais mon coeur est là», dit-il. Dir lamane est un plaidoyer pour une cause juste: la prise en charge de nos retraités délaissés qui se meurent dans l'indifférence générale dans les maisons de retraite. «Que l'Etat fasse quelque chose pour eux», affirme Fateh. Thamourthiw, est tout simplement une ode au pays, l'Algérie. Yamana est une chanson entraînante qui raconte l'histoire d'une fille de quartier, très belle, que les voisins craignent et admirent à la fois. Celle-ci attend le jour où viendra frapper à sa porte son prince charmant, en vain. Dayène (c'est fini, en kabyle), marque sous un air festif la «baraka» que procure le mariage. Une musique d'amour joyeuse pour clore un album aux mélodies électriques. Cet album n'a pu se faire sans l'aide du directeur artistique, Mustapha Mekerkeb, un excellent arrangeur de son, ayant travaillé également dans le domaine du rap avec le groupe Intik, notamment. Ayant fait ses armes très tôt dans l'école El Mossélia, Fateh Benlala a toujours suivi la voie de son coeur qui lui dictait le chaâbi sans pour autant l'éloigner des autres musiques de jeunesse qu'il continue à priser : le jazz et la salsa. Il a 15 ans, quand il commenca à jouer du banjo, sa maîtrise du jeu, il la doit en accompagnant plusieurs maîtres du chaâbi à l'image de Amar Ezahi, Aziouz Raïs, Boudjemaâ El Ankiss, mais, avoue-t-il, «celui sur lequel j'ai pris exemple, c'est Nouri El Koufi, avec qui je suis resté 10 ans». Côtoyant des maîtres du chaâbi, il n'eut aucun mal à s'introduire dans le milieu professionnel. Outre les mariages qu'il animait souvent avec l'orchestre d'Ali Bouzid, Fateh Benlala sort sa 1re cassette en 1987 dans le style algérois maghrébi où l'on peut trouver la fameuse Ya moulati a lala, interprétée avec Selma avec laquelle il récidive et signe un second album, Moul El Hak Iban en 1991. Deux ans après, Fateh sort un album en kabyle, mais reste fidèle à la veine chaâbi, folklore... En 1995, c'est de nouveau la consécration en fondant avec Youcef Boukella, le groupe ONB (Orchestre national de Barbès). On connaît le succès monumental qui s'ensuivra du morceau Laâlaoui. Du tonnerre! Un nouvel album est en cours de préparation et qui sortira probablement en 2005. «J'aime ce groupe. J'ai appris beaucoup de choses avec lui. Nous, les musiciens de ce groupe, sommes comme une famille soudée, indispensables les uns aux autres. Il y a une synergie incroyable entre nous. Notre objectif est d'insuffler un cachet actuel à nos musiques traditionnelles maghrébines. D'où l'engouement des jeunes pour notre musique puisée du patrimoine. On souhaiterait animer notre premier concert pour la promo du prochain album, ici à Alger, pour le montrer au public algérien. Ce sera un honneur pour nous», nous a confié Fateh Benlala. Nous l'espérons, nous aussi...