Son single «Etoile filante» a marqué l'été dernier, son nouvel album est enfin disponible. Après le succès retentissant qu'a enregistré l'année dernière son single Etoile filante, le nouvel album de Djamel Laroussi est disponible sur le marché, sorti aux éditions qui portent bien son nom, le même en fait, un label récemment constitué, car étant tombé comme nous sous le charme de Djillali. Le titre de cet album, est Mazal qui signifie «il reste encore de l'espoir». il renferme huit titres mélodieusement imprégnés de couleurs du monde. La musique de cet album est en fait à l'image de l'Algérie comme dirait Djamel, un «mélange» de fusions rythmiques, très riche en sonorités, savantes et vivantes. Fruit de l'instant, elle est le reflet d'un brassage multiculturel, résultat de différentes cohabitations et contacts musicaux qu'a connus Djamel à travers ses multiples voyages. Aussi, le chanteur-guitariste s'est-il inspiré de l'âme de chaque musique à laquelle il s'est frotté et avec laquelle il a flirté. «Elle disait, moi j'en ai marre de cette vie là (...) et depuis je l'attends là. Où est- elle? Elle ne vient pas...» est un extrait du morceau qui porte le même nom que l'album, Mazal et dont l'autre partie est chantée en kabyle. De la musique algérienne savamment assaisonnée au beat cubain, la salsa. Très entraînant. A propos du texte de cette chanson, Djamel commente: «Souvent, chez nous, ce sont les hommes qui partent et les qui attendent. A l'inverse, ma chanson traite du départ de la femme et c'est l'autre qui attend son retour et se demande, où es-tu mon coeur, je suis en attente de toi, en même temps ce texte est un symbole qui incite à ne pas baisser les bras .»Djamel, dans cet album a su bien accorder certains rythmes occidentaux avec les nôtres. Un mariage de sons subtilement arrangé «Le goubahi ressemble beaucoup au rythme de la salsa», dit-il. Aussi, hormis le tempo kabyle, Djamel a su l'habiller ou l'envelopper d'un zeste de sons envoûtants: le gnawi, au moyen du karkabou en l'occurrence mais aussi des rythmes guinéens, camerounais à vous donner le vertige! Très «bonne» en tout cas, on vous l'assure, la cuisine musicale de Djamel concoctée avec amour, par ce gaucher de musicien de surcroît, est bien dosée au goût de la «real world music». Cela conforte l'artiste dans cette appellation qui est attribuée à sa musique. Du gros travail en somme. Djamel Laroussi, il faut le savoir, a joué seul par deux fois de chaque instrument (guitare, basse, piano, batterie...) pour obtenir le résultat escompté. C'est dire la somme de patience et de labeur qu'il lui a fallu pour enfanter cet album. Aho est un morceau mystique aux couleurs de l'Afrique, gnawi, celle des chleuhs (Maroc) plus précisément. Etoile filante, titre phare de l'album, est revisité sur l'autre face en version live cette fois-ci, très extatique surtout à l'écoute de ce roulement de percussions qui vous met en transe, idem pour le titre Mazal enregistré lors d'un concert à Hambourg (Allemagne). Un rythme grisant et endiablé. Maniman est une sorte d'hymne à la paix et à la tolérance et surtout à l'absolution des pays pauvres en Afrique, tels la Somalie, le Burundi, le Mali, le Cameroun, le Soudan...une espèce de «We are the world» intimiste interprété avec tendresse et une émotion gorgée d'innocence. Un hommage ainsi à la terre-mère pour semer l'amour dans les coeurs et dans le monde. Le phrasé jazzy auquel l'artiste a recours souvent par petites touches est un clin d'oeil dont il se plaît à saupoudrer la plupart des morceaux. Comme un enfant qui se réveille à la vie et touche à tout, Djamel déteste la monotonie et lui préfère la variation des styles. Il refuse qu'on lui colle une étiquette du genre: le musicien qui joue de l'oriental moderne ou simplement du jazz. «En France, dit-il on m'a demandé de faire pareil qu'avec Etoile filante, j'ai refusé, déjà parce que je ne sais pas le faire!». Ghettoïser sa musique, Djamel est catégoriquement contre. Dire que ce dernier est un passionné de musique, serait un euphémisme plutôt un fou à lier ou un dingue. «Plus j'apprends un peu plus, plus je me rends compte que je suis loin d'avoir tout appris ou compris!», confie ce perfectionniste avec des étoiles dans le regard. La lueur qui brille au fond de ses yeux atteste de cet amour flamboyant et démesuré qu'il voue à cet art. Il faut le voir se dépenser sur scène pour le comprendre. On croit savoir qu'un duo ou un travail de collaboration avec la guitariste allemande Susan Weinert n'est pas exclu. En attendant, à quand un concert chez nous? Avis donc aux organisateurs de spectacles ! Malade, jusqu'au bout des ongles est Djamel. Il a eu finalement raison d'invoquer notre guérisseur «Djillali»!