Le parti croit-il toujours à son initiative? M.Aouchiche dénonce «les partisans du statu quo qui sont toujours à l'oeuvre et qui font tout pour entraver et empêcher toute alternative». Le plus vieux parti de l'opposition a-t-il abandonné son projet de reconstruction du consensus national? Croit-il toujours à son initiative? L'absence de conditions favorables à l'aboutissement d'une telle initiative, les difficultés et les obstacles rencontrés jusque-là l'ont-ils découragé? Autant de questions que se posent les observateurs, d'autant plus que ni les partis au pouvoir ni ceux de l'opposition ne sont favorables, pour le moment, au projet. A moins d'un événement bouleversant qui impose le dialogue entre toutes les parties et tant que les facteurs de blocage demeurent toujours présents, il n'y a aucune chance pour l'aboutissement du projet de consensus. Depuis le grand meeting populaire du 18 avril dernier, à la salle Atlas de Bab El-Oued, où il a réussi une véritable démonstration de force, le FFS s'est mis en position de veille. Mais cela ne signifie pas, selon les responsables du parti, l'abandon du projet. «On ne va pas renoncer au projet car nous croyons que c'est la seule solution pour sortir le pays de la crise», soutient Youcef Aouchiche, chargé de communication du parti, joint hier au téléphone. Notre interlocuteur précise que le vieux parti de l'opposition continuera à explorer toutes les pistes pouvant mener à la reconstruction du consensus national. «Actuellement, il y a un travail organique qui se fait sur le terrain. Le parti est en mouvement. Il y a des groupes de réflexion et nous allons évaluer la situation pour envisager la suite à donner», a-t-il souligné. Au passage, il dénonce «les partisans du statu quo qui sont toujours à l'oeuvre et qui font tout pour entraver et empêcher toute alternative». En quête de consensus, le FFS a accepté de prendre part à la conférence de la Cnltd, qui a regroupé les principales forces de l'opposition le 10 juin 2014 aux consultations sur la révision de la Constitution menées par Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la Présidence. «Dans un esprit de consensus», avait-il expliqué. Mais en fin de compte, opposition et pouvoir ont tourné le dos à son projet. L'opposition avait tranché dès le début, en rejetant l'initiative. Quant au pouvoir, il a commencé par faire croire qu'il soutient la démarche, avant de s'en démarquer à la dernière minute. Les dirigeants du FFS, qui observaient une prudence sans faille dans leurs déclarations, refusant de répondre aux accusations de l'opposition et aux conditions fixées par les partis au pouvoir, ont fini par sortir de leur réserve. Non pas pour stigmatiser l'opposition dans laquelle le parti s'identifie mais pour dénoncer l'attitude des partis du pouvoir qualifiés de «fonctionnaires politiques du système». Le FFS a même donné la réponse la plus structurée au discours du chef de l'Etat du 19 mars où l'opposition est jetée en pâture à la vindicte populaire. Dans son discours du 18 avril, le premier secrétaire national du FFS, Mohamed Nebbou, a exprimé le rejet du parti des lignes rouges fixées par le pouvoir et sa clientèle. «On attendait le feu vert pour un changement concerté, graduel et ordonné et ils nous ont fixé une ligne rouge! Et quelle ligne rouge! Pas la sacralité de l'unité nationale. Pas l'indivisibilité du territoire. Pas la déclaration du 1er Novembre ou même le caractère républicain de l'Etat. Non, leur ligne rouge c'est la légitimité présidentielle!», a regretté M.Nebbou. Il a expliqué que la politique des lignes rouges, qui partagent le pouvoir entre des clans antagoniques, est précisément ce qui maintient le statu quo et entrave le passage à un Etat de droit. Le FFS, qui ne renonce pas à son projet de consensus national, dit refuser la «perversion du jeu politique» où «les partis politiques sont considérés comme des pions que l'un ou l'autre clan du pouvoir va dresser les uns contre les autres».