Il y a le risque, désormais réel, de voir une bonne partie des 1 500 logements revenir à des individus qui n'en ont pas droit. La question du relogement des sinistrés pose actuellement un vrai problème aux pouvoirs publics. Le nombre d'individus qui se sont infiltrés parmi les sinistrés de Bab El-Oued dépasse de loin les estimations les plus pessimistes. Les faux sinistrés, comme ils sont désormais qualifiés par la vox populi, profitent, nous dit-on, de la grande anarchie qui règne dans la zone frappée par les inondations. «Ils savent pertinemment que l'identification des habitants du quartier relève de l'exploit, si l'on tient compte du fait de l'effondrement total de dizaines d'habitations. Il est, en effet, impossible de produire une preuve écrite attestant l'occupation d'un logement détruit par la catastrophe», relève un citoyen de Bab El-Oued. Les pouvoirs publics ne peuvent faire donc autrement que de se suffire d'une déclaration verbale en l'absence de tout autre moyen de vérification. Même les listes électorales ne peuvent venir au secours des enquêteurs qui ont été déployés sur le terrain dès l'annonce d'une présence accrue de faux sinistrés. La raison est que beaucoup de citoyens logeant au sein de la commune et effectivement frappés par les inondations, n'avaient pas régularisé leur situation auprès des services de l'APC, car en attente d'un hypothétique relogement depuis plus dix ans. Devant l'urgence des secours dès les premières heures qui ont suivi le déluge, personne n'avait pensé recenser sérieusement les foyers touchés par la catastrophe, un travail d'ailleurs très difficile à réaliser, même en temps normal, vu le nombre incalculable de constructions illicites. Ce qui a encouragé les resquilleurs à envahir le quartier et l'étendue de la zone touchée par le sinistre, mais surtout l'annonce par le Chef du gouvernement de l'octroi aux sinistrés de 1 500 logements un chiffre jugé par les observateurs comme réaliste et à même de régler une bonne partie du problème de relogement qui se posait alors. Or, très vite le nombre de logements dégagés s'est révélé insuffisant devant une demande très importante, mais aussi suspecte. C'est ainsi qu'une tension perceptible est ressentie autant par les victimes de la catastrophe que par les autorités locales. En effet, outre la confiance qui fait défaut entre le citoyen et l'APC, il y a le risque désormais réel de voir une bonne partie des 1.500 logements revenir à des individus qui n'en ont pas droit. Ces derniers n'hésitent pas, révèle-t-on, à chahuter l'opération de relogement, histoire de pratiquer un chantage sur les autorités locales. Pour avoir une paix relative et précaire, certains responsables peuvent, en effet, céder à la pression et reloger de faux sinistrés. Jusqu'à hier près de 500 familles ont bénéficié d'un logement décent. Y a-t-il eu des resquilleurs parmi les sinistrés? Certains affirment que oui.