Cette oppération interviendra dès la fin de la semaine prochaine. Après le vaste mouvement opéré dans le corps des walis le 8 septembre dernier, c'est au tour, semble-t-il, des chefs de daïras de connaître le même sort. En effet, d'après nos sources, 219 chefs de daïra sont concernés par le mouvement au moment où 51 d'entre eux seront remerciés et mis fin à leurs fonctions au sein des collectivités. Ce mouvement dans le corps des chefs de daïra interviendra, avons-nous appris de mêmes sources, dès la fin de la semaine prochaine, probablement mardi ou mercredi. Ainsi durant le même mois, le président de la République a procédé à de vastes mouvements au sein des appareils de l'Etat. En faisant très vite, Bouteflika a coupé court à toutes les spéculations qui commençaient à alimenter la scène médiatique. Si la moyenne d'âge, 53 ans pour les walis et 49 ans pour les walis délégués, ne traduit pas forcément une volonté de rajeunissement de l'encadrement de l'Etat algérien, il n'en demeure pas moins qu'en limitant à seulement quatre années l'exercice des fonctions supérieures au sein des appareils de l'Etat, le président de la République semble vouloir mettre un terme à une pratique qui date de l'ère du parti unique. Nombre de fonctionnaires qui occupaient des postes de responsabilité importants ont passé des décennies, voire sont morts en occupant le même poste. En restant dans la même fonction et dans une même région durant un nombre d'années assez considérable, l'on est forcément tenté ou du moins phagocyté par des lobbys pour ne pas dire des cercles véreux locaux. En arrêtant à quatre ans les fonctions des walis, walis délégués et, ou chefs de daïra, sauf cas d'exception, le président de la République tend à protéger ses représentations locales. Cela d'autant plus que les scandales dans lesquels étaient, d'une manière ou d'une autre, impliqués nombre de walis et de chefs de daïra étaient légion un certain moment de l'histoire de l'Algérie, même si tous ces scandales n'ont pas été portés à la connaissance du public. Le 15 septembre, dernier c'est peut-être le plus important, c'était le corps des magistrats de vivre un mouvement similaire. Le changement avait concerné 25 cours et il a été mis fin aux fonctions de 11 présidents de cour et 7 procureurs généraux près les cours remplacés par des magistrats jugés aptes à occuper des postes de responsabilité. Dans le même sillage, le président de la République, premier magistrat du pays, avait également décidé de la mutation à d'autres cours de dix présidents de cours ainsi que neuf procureurs généraux près les cours, en plus bien évidemment du «remaniement» opéré au sein de la présidence du Conseil d'Etat et au niveau de la Cour suprême. «Je tiens à dire tout l'intérêt que je porte à la justice et aux conditions dans lesquelles fonctionnent ses organismes», avait déclaré Bouteflika lors de la session du Conseil supérieur de la magistrature. Une chose est cependant certaine, le chef de l'Etat semble passer à la vitesse supérieure dans le cadre des réformes qu'il n'a de cesse de «revendiquer» depuis sa première élection à la magistrature suprême. «L'ère de la cooptation pour des raisons de copinage et d'affinités est révolue» semble vouloir dire Bouteflika. D'ailleurs, depuis 1999, jamais un mouvement aussi vaste dans les institutions de l'Etat n'a été opéré. Ce mouvement dans le corps de chefs de daïra n'est qu'une suite logique des mouvements déjà opérés depuis la hiérarchie militaire. Parce qu'ils sont redevables devant leur tutelle et confrontés directement aux citoyens, les chefs de daïra sont réellement une pièce importante dans l'édifice de l'Etat. C'est eux en premier lieu la vitrine qui reflète, aux yeux des millions de petites gens des contrées les plus reculées, l'image de l'Etat et de son autorité.