Les chefs de daïra et les magistrats ne seront pas exempts de ce mouvement, qui s'annonce très large. Selon des sources dignes de foi, proche de l'Exécutif national, nous apprenons que le président Bouteflika s'apprête à procéder à un vaste mouvement dans le corps des walis. Pas moins d'une vingtaine sur les 48 que compte le pays, seraient ainsi concernés par cette mesure. Les services de la présidence de la République chargés de plancher sur le sujet, nous dit-on, «ont du pain sur la planche». En effet, le récent procès de l'ancien wali d'Oran, Bachir Frik, a ouvert la voie à plusieurs nouvelles pistes d'évaluation du travail de chaque haut responsable dans le pays. Il a également permis de se doter d'instruments plus efficaces pour contrôler les éventuelles malversations qui auraient pu être commises. En fait, ce n'est pas tant ce sujet qui préoccupe les services compétents du palais d'El-Mouradia que celui de mettre en place des cadres hautement compétents afin de garantir la réussite du plan présidentiel portant aide à la relance économique. Tout comme des ministres ont été forcés récemment de céder leurs postes, nos sources indiquent qu'en plus de cette vingtaine de walis, des centaines de chefs de daïra devront subir le même sort sur la base d'un cahier des charges précis, et d'une évaluation stricte dans laquelle aucun cadre ne sera lésé. Alors que ce mouvement était prévu pour le début de cet été, les mêmes sources nous indiquent qu'il pourrait être reporté à la prochaine rentrée sociale. Il serait immédiatement suivi par un autre, assez vaste, dans le corps des magistrats. La chancellerie, saisie en ce sens par la présidence de la République, aurait reçu pour mission d'évaluer les activités de chaque parquet. Des dizaines de juges, procureurs généraux et présidents de cour sont ainsi concernés par ce mouvement, deuxième du genre. Celui-ci devrait ainsi intervenir au moment de l'entrée en vigueur du projet de loi relatif à la prévention et la lutte contre la corruption, dont notre journal avait fait état en détail dans une précédente édition. A vrai dire, nous disent encore nos sources, pas mal de choses ont changé depuis le dernier remaniement ministériel. Si des «extensions» ont été opérées dans le calendrier général des actions principales que compte entreprendre le gouvernement, d'autres ont tout simplement fini par être abandonnées pour de simples raisons pratiques. C'est ainsi que nous apprenons, à titre d'exemple, qu'Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement, vient de renoncer définitivement à la présentation de son bilan annuel devant la chambre basse du Parlement. Il en avait fait l'annonce lors d'une conférence de presse animée au début du mois de mars dernier. La date en avait été reportée plusieurs fois de suite à cause du remaniement ministériel en préparation, mais aussi du dialogue avec le mouvement des archs. La formalité, qui n'est pas obligatoire au demeurant, a fini par être tout simplement abandonnée. Il en va de même pour la démission de Mohamed-Salah Mentouri, président du Cnes. Celle-ci a poussé ce conseil, dont la notoriété n'est plus à faire, à se doter d'un nouveau président, Salah Djennouhat, mais aussi à reporter sa 26e session, alors que l'ordre du jour de cette dernière a été maintenu en l'état. Il y va de même pour la «révocation des indus élus» en Kabylie. Cette mesure, que le gouvernement peut décider tout seul, puisqu'il en a les prérogatives, contrairement aux déclarations faites par le secrétaire général du FLN, devait être prise depuis quelques semaines déjà. Or, elle a, elle aussi, été reportée à une date ultérieure au regard de la tournure compliquée qu'ont fini par prendre les événements, au point que même les élus locaux RND ont fini par reprendre leurs postes en attendant de voir dans quel sens allait évoluer la situation. Même les dates régulièrement données pour le démarrage de la campagne référendaire en faveur de l'amnistie générale sont régulièrement «dépassées» par le calendrier sans que le président ne se décide encore à descendre dans l'arène. Seul le dialogue social semble avancer au même rythme puisque toutes les données en notre possession, pour le moment, prêtent à penser que la révision à la hausse des salaires ainsi que la signature du pacte économique et social auront bel et bien lieu au mois de septembre prochain.