Des retrouvailles très attendues par les amoureux de la boxe Manny Pacquiao contre Floyd Mayweather aujourd'hui à Las Vegas est peut-être le «combat du siècle» d'un point de vue sportif, mais il est assurément le «jackpot de l'histoire» pour la boxe. Les prévisions de recettes oscillent entre 300 et 400 millions de dollars (2727 et 3636 M d'euros), du jamais-vu pour un événement sportif, qui profitera à quelques acteurs seulement. Alors qu'ils arrivent au crépuscule de leur carrière, Pacquiao, 36 ans, et Mayweather, 38 ans, vont recevoir dès lundi un chèque d'un montant astronomique, 80 millions de dollars pour le premier, 120 millions pour le second, quel que soit le résultat du combat. Après des années de négociations ardues, Pacquiao a accepté la répartition des gains en sa défaveur, 40%-60%. Il peut se mordre les doigts d'avoir tardé à accepter de se retrouver sur un ring face à Mayweather: en 2009, lorsque les premières négociations avaient débuté, le Philippin était «LA» star de la discipline, mais son étoile a pâli avec deux défaites consécutives en 2012 et une image longtemps écornée par sa réputation de joueur et de coureur de jupons invétéré. «Pac-Man» n'est pas à plaindre: il est le premier contribuable des Philippines où il est révéré comme un demi-dieu et il vient de s'acheter une villa de 12,5 millions de dollars à Los Angeles. Pacquiao va aussi toucher cinq millions de dollars de ses partenaires et sponsors aux Etats-Unis, une chaîne de magasins de sports et un géant de l'agroalimentaire. S'il devait infliger sa première défaite à Mayweather samedi, le Philippin deviendrait le «chouchou des annonceurs» aux Etats-Unis et en Asie... Mayweather lui ne fait pas de publicité: trop sulfureux, trop imprévisible pour une marque. Il n'en est pas moins le sportif le mieux payé de la planète en 2014 et en 2015 et devance la star du golf Tiger Woods, le gentleman du tennis Roger Federer ou les costauds de NBA LeBron James et Kobe Bryant. Son immense fortune, «Money» la doit aux mégacontrats qu'il a signés avec les diffuseurs HBO puis Showtime. Ses six dernière apparitions sur un ring lui ont ainsi rapporté chacune 25 millions de dollars. Mais son contrat avec Showtime et sa carrière touchent à sa fin: il raccrochera les gants après un dernier combat en septembre ou octobre. D'un côté, Bob Arum et Top Rank, de l'autre Mayweather Promotion. Il a fallu cinq ans pour que les deux parties trouvent un accord sur fond de querelles de personnes, de désaccord sur la répartition des recettes ou la question des contrôles antidopage. Jusqu'en 2006, Arum, un ancien avocat qui fait désormais la pluie et le beau temps sur la boxe américaine comme Dong King en son temps, était le promoteur de Mayweather. Mais celui-ci l'a quitté pour créer sa propre entreprise. Ils vont se partager les recettes tirées de la billetterie qui pourrait atteindre 74 millions de dollars (10.000 dollars pour les billets les plus chers) et du sponsoring (12 millions de dollars, dont 5,6 M d'un fabricant de bière qui apparaîtra sur le ring). HBO et Showtime sont les grands gagnants: les réseaux de télévision américains, filiales respectivement des mastodontes Time Warner et CBS, vont battre des records d'audience et de recettes. Elles sont rivales et ont chacune un contrat d'exclusivité avec l'un des deux boxeurs, mais ont fini par s'allier pour ce «combat du siècle». Pour voir le combat sur les chaînes de télévision à la séance de HBO et Showtime, il faudra débourser 90 dollars (100 en haute-définition). Les diffuseurs tablent sur trois millions de séances achetées (2,48 M pour le précédent record, le combat entre Mayweather et Oscar De La Hoya en 2007) pour des recettes globales de 300 millions de dollars (précédent record: 150 M USD pour Mayweather contre Saul Alvarez en 2013). Le pactole, auquel il faut ajouter les recettes publicitaires encore inconnues, sera bien plus large puisque ces chiffres ne concernent que les Etats-Unis et le Canada (la vente des droits TV à l'international est estimée à 35 millions de dollars). En France, le combat sera diffusé sur Ma Chaîne Sport (MCS), qui en a acheté l'exclusivité.