A la même époque, pour ceux qui s'en souviennent, le chauffeur de Abdelkrim Ghraieb, président de l'Amicale des Algériens en Europe, tombait dans des conditions tout à fait identiques, deux tueurs du SAC l'attendaient dans la cour de l'immeuble sis rue Louis le Grand. Il y a trente-sept ans, le 4 mai 1978, à Paris, Henri Curiel, militant de la cause nationale et anticolonialiste engagé tombait sous les balles assassines de sicaires de l'organisation d'extrême - droite SAC (Service d'action civique), proche du Sdece devenu peu après Dgse. A l'époque, le dossier fut rapidement classé sans suites mais voilà que paraît un livre, 37 ans plus tard, intitulé «Le roman vrai d'un fasciste français» dans lequel son auteur, René Resciniti de Says, membre de l'Action française, raconte comment et pourquoi il avait été chargé de l'assassinat d'Henri Curiel sur ordre du patron des barbouzes, Pierre Debizet, et du pouvoir français lui-même, symbolisé par Valéry Giscard d'Estaing. René Resciniti de Says, proche des «services français» et des mercenaires de Bob Denard, a affirmé, dans ce livre posthume, avoir pris part à l'assassinat du militant d'extrême gauche Pierre Goldman et celui d'Henri Curiel, même si officiellement le dossier fut très vite classé. Le 4 mai 1978, en effet, deux inconnus l'abattaient de plusieurs balles, tirées à bout portant dans l'ascenseur de son immeuble à Paris. A la même époque, pour ceux qui s'en souviennent, le chauffeur de Abdelkrim Ghraieb, président de l'Amicale des Algériens en Europe, tombait dans des conditions tout à fait identiques, deux tueurs du SAC l'attendaient dans la cour de l'immeuble sis rue Louis le Grand, à quelques mètres de l'Opéra et du boulevard des Italiens. Bien que décédé en 2012, René Resciniti de Says ouvre avec ce livre posthume des plaies jamais réellement cicatrisées et il confirme l'étroite relation entre une organisation clandestine qu'on aurait clairement cataloguée terroriste au jour d'aujourd'hui et qui à l'époque avait pignon sur rue en tant que bras armé de l'UDR. Issu d'une famille bourgeoise, Henri Curiel, né un 13 septembre 1914 au Caire, fils d'un banquier connu, avait consacré sa vie à la lutte anticolonialiste. En 1956, il s'est engagé en faveur de l'indépendance de l'Algérie avec la création du Mouvement anticolonialiste français, puis l'action clandestine au sein du «réseau Jeanson» des «porteurs de valises» pour un soutien logistique aux militants de la cause nationale. Mobilisé aux côtés des moudjahidine de la Fédération de France du FLN, en 1960, Henri Curiel avait suppléé le réseau Jeanson victime de nombreuses arrestations en assurant la continuité d'un réseau de «porteurs de valises» qui a porté son nom. Son engagement en faveur de la cause nationale lui vaudra d'être arrêté le 20 octobre 1960, et emprisonné pendant 18 mois à Fresnes (France). Libéré après la signature des accords d'Evian (mars 1962), il poursuivra le combat dans les années 1970 en faveur des Palestiniens, jusqu'à son assassinat en 1978.