Le Palais du gouvernement Le gouvernement s'est-il préparé à la réaction de la société face à des flambées durant le Ramadhan? A-t-il les moyens de maîtriser un éventuel mécontentement? Alerte, il y a péril en la demeure! Le gouvernement doit agir vite, très vite, s'il veut avoir un coup d'avance sur d'éventuels pyromanes qui seraient tentés par une entreprise de déstabilisation. Les ministres de l'Agriculture, du Commerce, de l'Intérieur et le Premier ministre sont interpellés par une situation sociale qui n'est guère reluisante. A quelques semaines du mois de Ramadhan, tous les clignotants sociaux sont au rouge. La flambée, anticipée des prix a déjà englouti une partie des augmentations de salaires opérées par les pouvoirs publics et l'inflation a fait le reste. Il n'est pas exclu, c'est même une évidence, que les prix vont encore flamber au moins durant les 10 premiers jours du Ramadhan. Le gouvernement s'est-il préparé à la réaction de la société face à ces flambées? A-t-il les moyens de maîtriser un éventuel mécontentement? De pareilles augmentations risquent d'être perçues par les citoyens comme une agression contre leur dignité. Ces flambées qui, sans doute, exhaleraient de forts relents de déstabilisation sociale font entrevoir un chaud Ramadhan si l'Exécutif de Sellal n' anticipe pas sur les événements. A qui profitera alors le crime? On se rappelle des émeutes de janvier 2011 qui allaient faire basculer le pays dans de graves incidents. Si l'Algérie n'a pas sombré dans des révoltes populaires violentes, communément appelées printemps arabe, ayant balayé les régimes tunisien, libyen et égyptien, ce n'est pas pour autant que les germes de cette révolte, ont disparu depuis. Les ingrédients sont toujours latents mais prêts à se manifester à la moindre brèche de gestion surtout en ce mois de grande consommation. Ce bouillonnement social constitue un réel facteur de fragilité qui s'ajoute aux autres facteurs régionaux. En 2001, le baril de pétrole caracolait à 120 dollars, ce qui permettait aisément au gouvernement d'inonder le marché et de faire taire toute révolte par des augmentations de salaires... avec effet rétroactif. Ce n'est plus le cas aujourd'hui avec un baril à près de 65 dollars. Les hydrocarbures assurent 95% de ses rentrées en devises et la fiscalité pétrolière, 60% du budget de l'Etat. Depuis près d'une dizaine d'années, l'Algérie calculait son budget sur un prix de référence du baril à 37 dollars. Le surplus alimentait le Fonds de régulation des recettes qui à son tour finançait le déficit et les programmes spéciaux du gouvernement. Mais à 65 dollars, il y a un réel danger sur l'économie du pays, lequel danger aura comme première conséquence une grave fragilité sociale. Le cauchemar de 1986 hante les décideurs et l'Algérie n'est pas prête à revivre les années de disette alors que ses finances étaient sous le contrôle du FMI. L'explosion de la colère, le 5 octobre 1988, est due en partie au chômage et à la «mal-vie», de la jeunesse de l'époque. Le prochain Ramadhan constitue un véritable test pour l'actuel Exécutif. Mais le gouvernement Sellal a-t-il un plan, une stratégie pour juguler la spéculation et l'informel dont les promoteurs se frottent déjà les mains? Le manque de régulation politique efficace empêche, en effet, tout débat serein sur le modèle économique viable. Si bien qu'à cet inquiétant tableau économique est venu se greffer un tableau politique non moins inquiétant. Avec des partis au pouvoir, le FLN et le RND, mal dans leur peau, il faut réellement creuser dans le personnel politique pour trouver des alliances politiques autrement plus solides capables de porter le programme du gouvernement, d'animer les débats et de contrecarrer les menaces de déstabilisation. Face à ces défis, la jeune société algérienne s'interroge et s'impatiente. Ce n'est pas sans raison que le président de la République s'est adressé, avec un ton urgent, à cette même jeunesse, à trois reprises en quelques semaines.