Le baril est sous la barre des 100 dollars. Avec ce prix, commencent les difficultés de l'Etat pour soutenir les importantes dépenses publiques ainsi que nos importations de biens et services. Son budget n'est soutenable qu'avec un prix du brut autour de 130 dollars le baril. Mais la question fondamentale est de savoir si la tendance à la baisse des prix du pétrole est conjoncturelle ou structurelle. Là, la question divise les experts pétroliers. Pour les uns, on va vers une baisse structurelle des prix du pétrole. Pour d'autres, les prix resteront à la hausse sur le moyen et long termes. Mais ce cycle de prix du pétrole à la hausse sera émaillé d'épisodes baissiers de trois à quatre mois. Nous sommes, suivant cette dernière projection, dans un épisode baissier assez sévère. En tout état de cause, avec cette chute des prix du pétrole, l'Algérie est excessivement exposée. Elle ne maîtrise pas trois facteurs dits de fragilité : les volumes des hydrocarbures qu'elle exporte qui connaissent une tendance à la baisse, les prix du pétrole et le niveau de ses importations. Cette situation de vulnérabilité entraînera, à coup sûr, une dégradation de nos équilibres extérieurs à moyen et long termes. À court terme, l'Algérie n'a pas les leviers pour réagir à ces épisodes baissiers de trois à quatre mois. L'année 2015 s'annonce donc très difficile pour le budget de l'Etat si cette tendance baissière des prix du pétrole persiste. On voit mal comment dans ce scénario l'Etat pourra financer le plan quinquennal doté d'une enveloppe de plus de 200 milliards de dollars et ses importations qui ont déjà atteint la cote d'alerte. À moins de recourir au fonds de régulation et aux réserves de changes. Mais ces fonds, garants de notre viabilité financière, risquent de fondre en peu de temps avec cette excessive tendance dépensière de l'Etat. En dépit de toutes ces alertes sérieuses, nos gouvernants ne semblent pas renoncer à cette orientation. Si d'urgentes mesures ne sont pas arrêtées aujourd'hui pour comprimer dépenses et importations et engager structurellement notre pays sur la voie de la diversification de nos ressources financières extérieures, nous allons droit au mur. Le prix à payer sera très cher, conséquence de cette insouciance et cet entêtement en termes de stabilité politique et sociale. Qui alors assumera le mécontentement de la rue ?