De nouveau, le spectre de la chute des prix du pétrole pointe. La situation sur le marché pétrolier international est vraiment préoccupante, selon des analystes de marchés qui pointent du doigt une décision irréfléchie de l'Arabie Saoudite de maintenir vers le bas ses prix en direction de ses clients américains. Pour autant, cette décision a complètement désorganisé les marchés et les contrats, dont ceux sur le marché «spot», là où sont négociées les livraisons de brut algérien. A moins de 80 dollars, ils avaient ouvert hier à 77,78 dollars le baril sur le marché new-yorkais, les prix pétroliers ont de quoi susciter l'inquiétude. Pour l'Algérie, il ne fait aucun doute que ces fluctuations ne présagent rien de bon, d'autant que le gouvernement Sellal a déjà bouclé la loi de finances 2015. Sur un autre registre, les experts restent préoccupés par le niveau ahurissant des importations algériennes, atteignant presque la valeur des exportations, une situation qui a été pour le reste à maintes fois soulevée par les experts et autres analystes algériens, mais sans trouver d'écho au sein du gouvernement. La descente vers des plus bas jamais connus depuis le mois d'octobre 2010 des prix pétroliers est par ailleurs une donnée qui ne semble pas inquiéter outre mesure le gouvernement Sellal qui n'aurait même pas anticipé cette donne. Même si les calculs de la loi de finances restent scotchés sur un prix du baril à 37 dollars, et donc donnent assez de «mou» et de flexibilité au gouvernement pour gérer les «trous d'air» provoqués par des chutes brutales des cours du pétrole, le fond du problème est que l'Algérie dépense plus qu'elle ne gagne. Pour cette loi de finances 2015, le gouvernement prévoit des dépenses allant jusqu'à 110 milliards de dollars, dont plus de 62 milliards de dollars pour le budget de fonctionnement se caractérisant en hausses des salaires des fonctionnaires. Fatalement, la chute des recettes pétrolières combinée à la hausse des dépenses de fonctionnement ne peut que déboucher sur les déficits, dont celui budgétaire prévu à 22% du PIB. Le problème en fait est que la chute du cours du brut est accompagnée par une stagnation, sinon une baisse des volumes exportés, et donc une moindre valeur des recettes pétrolières, alors qu'en face les importations ne font que gonfler, provoquant dès lors de sérieux déséquilibres de la balance commerciale et accentuant de fait les déficits. In fine, le gouvernement table sur ses «bas de laine» constitués par le FRR (Fonds de régulation des recettes, différence entre le prix du brut de référence de la loi de finances et celui réel sur le marché) pour poursuivre sa politique suicidaire selon des experts. Et particulièrement en maintenant une politique sociale qui coûtera en 2015 quelque 21 milliards de dollars au titre des transferts sociaux en provenance du budget de l'Etat, soit 9,1% du PIB et une hausse de 6,4% par rapport à 2014. C'est un peu ce que les observateurs appellent «l'achat de la paix sociale». Mais, au final, à quel prix lorsque les prix du brut seront encore, ce qu'on ne souhaite pas, orientés vers la baisse? A 80 dollars le baril, le prix de l'or noir était inquiétant, s'il descend au-delà des 70 dollars, cela deviendra vraiment préoccupant pour l'Algérie. Une réaction salutaire du gouvernement n'est, pour le moment, pas encore visible, ni de près ni de loin. D'autant que ce sont les revenus pétroliers qui sont directement menacés.