Moscou a célébré hier en grande pompe la victoire sur les nazis pour les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale Snobé par les Occidentaux, le président russe peut toutefois se targuer d'avoir accueilli les dirigeants de puissances émergentes comme les présidents chinois Xi Jinping et indien Pranab Mukherjee, ainsi que Ban Ki-moon. La Russie a fait étalage hier de sa puissance lors de la plus grande parade militaire organisée sur la place Rouge depuis la chute de l'Union soviétique, Vladimir Poutine louant la «contribution» des Alliés dans la victoire contre l'Allemagne nazie il y a soixante-dix ans. Snobé par les Occidentaux qui lui reprochent son soutien aux séparatistes russophones en Ukraine, le président russe peut toutefois se targuer d'avoir accueilli les dirigeants de puissances émergentes comme les présidents chinois Xi Jinping et indien Pranab Mukherjee, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, pour une parade qui a fait la part belle aux nouveaux armements russes: le char Armata T-14 présenté comme le plus puissant du monde par son constructeur ou des missiles balistiques intercontinentaux de près de 50 tonnes. «Il faut rappeler que c'est l'Armée rouge qui, au terme d'un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l'Allemagne hitlérienne», a déclaré M.Poutine lors d'un discours sur la place Rouge, en prélude à la parade militaire à laquelle ont participé 16.000 soldats russes, ainsi que des troupes serbes, indiennes et chinoises. «L'Union soviétique a pris part aux batailles les plus sanglantes. Ici, les nazis ont concentré leur puissance militaire», a ajouté Vladimir Poutine, en référence aux 27 millions de Soviétiques tués pendant la guerre, selon les chiffres officiels. «Je remercie les peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur contribution à la victoire. Je remercie les différents pays antifascistes qui ont pris part aux combats contre les nazis dans les rangs de la résistance et dans la clandestinité», a par ailleurs déclaré Vladimir Poutine, avant une minute de silence en mémoire des victimes de la guerre, une première dans l'histoire des cérémonies du 9 mai en Russie. Le président russe s'est ainsi montré plutôt apaisant, faisant un geste en direction des Occidentaux et se gardant d'évoquer la menace fasciste ukrainienne comme l'a fait régulièrement le Kremlin ces derniers mois. «Soixante-dix ans plus tard, l'Histoire nous appelle à être à nouveau vigilants», a simplement précisé M. Poutine, rappelant que les croyances en «une supériorité raciale avaient entraîné une guerre sanglante». Plus tard, au cours d'une réception avec les dirigeants mondiaux présents à Moscou, il a ajouté que «l'esprit d'alliance qui s'est forgé au cours de la Seconde Guerre mondiale devait servir aujourd'hui d'exemple». Hors Russie, l'est séparatiste ukrainien a aussi connu sa parade militaire alors qu'à Kiev, les autorités pro-occidentales organisaient une «Marche pour la paix». Près de 1500 combattants séparatistes ont ainsi défilé dans leur fief de Donetsk, exhibant notamment les véhicules blindés et les systèmes anti-aériens qu'ils utilisent contre l'armée ukrainienne dans un conflit qui en un peu plus d'un an a fait 6 200 morts. Pendant ce temps, dans le centre de Moscou, une foule de vétérans, de touristes et de Moscovites se pressait le long du tracé emprunté par les véhicules blindés. «Ça me donne le tournis de penser à tout le sang que nous avons versé pour accrocher ce drapeau sur le Reichstag» s'exclamait un moscovite. «Les Européens ne sont pas venus, c'est dommage. Je comprends nos différends, mais ils auraient pu oublier ça au moins le temps d'une journée et venir célébrer avec nous la destruction du fascisme», regrettait pour sa part une touriste venue de Novossibirsk, en Sibérie. En début d'après-midi, plus de 160.000 personnes se pressaient déjà dans le centre de la capitale russe pour former un gigantesque cortège où chaque participant devait porter une photo de son père ou grand-père, ancien combattant.