L'instauration de quotas pour répartir entre les pays européens les réfugiés et l'immigration légale, ne sont pas du goût de quelques pays membres qui n'ont pas caché leur désapprobation. L'Union européenne (UE) veut sa guerre en mer. Après tout, il faut bien faire fonctionner l'arsenal militaire maritime au risque de le voir corrodé par l'inactivité. Hier, la Commission européenne a présenté sa nouvelle stratégie pour tenter de faire face aux vagues de migrants, à l'origine de plusieurs tragédies humaines en Méditerranée. Globalement, cette stratégie consiste à «lutter contre les passeurs, tout en protégeant les réfugiés». Mais dans le fond, cette démarche est loin de faire l'unanimité puisque des divergences sont apparues entre les pays membres sur la manière de gérer cette crise. Présenté par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, ce plan comporte une série d'actions immédiates et des stratégies à long terme. Parmi les actions envisagées, figure la création d'un centre d'accueil au Niger, sur la route empruntée par les migrants sud-sahariens. Autre point souligné par le projet européen: la nécessité de lutter contre les passeurs et de détruire leurs bateaux. Cette lutte impose l'emploi de la force, une mesure qui sera discutée par les ministres des Affaires étrangères lundi prochain. Il s'agit aussi de renforcer les moyens de surveillance et de sauvetage en Méditerranée afin d'éviter les naufrages. C'est ainsi que ce plan vise à contenir les flux migratoires en évitant notamment les embarquements, en portant secours aux migrants qui ont pris la mer et en gérant leur accueil à leur arrivée à l'Union européenne. Cependant, certaines dispositions, notamment l'instauration de quotas pour répartir entre pays européens les réfugiés et l'immigration légale, ne sont pas du goût de quelques pays membres qui n'ont pas caché leur désapprobation. La Grande-Bretagne a exprimé sa vive opposition à cette mesure, alors que le Premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban a qualifié les quotas de folie. Le Royaume-Uni est même allé jusqu'à réclamer le renvoi pur et simple des candidats à l'immigration. «Les migrants qui tentent de gagner l'Union européenne en traversant la Méditerranée devraient être renvoyés», a affirmé dans les médias britanniques la ministre de l'Intérieur, Theresa May. La volonté de l'UE d'imposer la solidarité aux Etats et de modifier la règle qui impose la prise en charge des demandeurs aux pays d'arrivée a été sérieusement critiquée. Le président de la Commission s'est défendu, affirmant que «l'Union européenne a besoin d'un système permanent qui permette le partage des demandeurs d'asile». Le principe des quotas, réclamé par l'Italie, est soutenu par l'Allemagne et la France, mais une telle redistribution ne pourra être imposée à la Grande-Bretagne, à l'Irlande et au Danemark, ces trois pays ne participant pas à la législation sur l'asile et l'immigration. La prise en charge des réfugiés venus de pays tiers se fait pour l'instant sur une base volontaire. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour les migrations internationales et le développement, Peter D. Sutherland, a appelé lundi dernier, devant le Conseil de sécurité de l'ONU la communauté à s'entendre sur une action commune et à s'unir pour combattre les passeurs. M.Sutherland a prévenu que jusqu'à 20 000 migrants risquent de trouver la mort d'ici l'automne 2015 en Méditerranée si aucune mesure n'a été prise pour éviter la catastrophe. Selon l'Organisation internationale des migrations, quelque 1800 personnes sont mortes dans des naufrages en tentant de traverser la Méditerranée pour gagner l'Europe depuis le début de l'année. La majorité des migrants arrivés depuis 2015 sont originaires d'Erythrée, de Somalie, du Nigeria, de Gambie et de Syrie