Dans un entretien au quotidien Asharq Al-Awsat, M.Obama s'est employé à rassurer ses invités: Washington ne baisse pas la garde face aux comportements «dangereux et déstabilisateurs» de l'Iran, a-t-il martelé. Barack Obama accueillait hier à la Maison Blanche les dirigeants du Golfe avec un message visant à rassurer: les Etats-Unis, engagés dans des négociations avec l'Iran sur son programme nucléaire, restent vigilants face aux activités «déstabilisatrices» de Téhéran. En l'absence - remarquée - du roi Salmane d'Arabie saoudite, qui a décliné l'invitation à la dernière minute, le président américain devait s'entretenir dans le Bureau ovale avec le prince héritier Mohammed ben Nayef, ainsi qu'avec le fils du roi et ministre de la Défense, le prince Mohammed ben Salmane. Ce sommet, qui intervient dans un contexte tendu, débute quelques heures après l'entrée en vigueur au Yémen d'une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens menés par Riyadh pour stopper l'avancée des rebelles Houthis soutenus par l'Iran. Dans un entretien publié sur le site du quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, M.Obama s'est employé à rassurer ses invités: Washington ne baisse pas la garde face aux comportements «dangereux et déstabilisateurs» de la République islamique, a-t-il martelé. «Les pays dans la région ont raison d'être profondément inquiets des activités de l'Iran, particulièrement son soutien à des groupes violents à l'intérieur des frontières d'autres pays», souligne le président américain. Enumérant les pays dans lesquels Téhéran est impliqué - soutien au régime Assad en Syrie, au Hezbollah au Liban, au Hamas dans la bande de Ghaza ou encore aux Houthis au Yémen - M.Obama s'appuie sur ce constat pour défendre les négociations engagées sur le nucléaire. «Nous pouvons imaginer combien l'Iran pourrait être encore plus provocateur s'il disposait de l'arme atomique», souligne-t-il. «C'est l'une des raisons pour lesquelles l'accord auquel nous souhaitons aboutir est si important: en empêchant que l'Iran ne se dote de la bombe atomique, on supprimerait l'une des principales menaces à la sécurité de cette région». Après l'accord-cadre conclu début avril à Lausanne, en Suisse, l'objectif affiché est d'aboutir à un accord définitif avant le 1er juillet. Au-delà de la crainte que Téhéran ne se dote in fine de la bombe atomique tout en ayant obtenu la levée des sanctions qui étranglent son économie, les monarchies du Golfe ont aussi le sentiment d'un désengagement américain. Rappelant que des milliers de militaires américains sont présents dans la région et que de nombreux exercices communs y sont menés chaque année, M.Obama assure qu'il ne devrait y avoir «aucun doute» sur l'engagement des Etats-Unis en faveur de ses «partenaires» du GCC. Pour Bruce Riedel, ancien conseiller de Bill Clinton sur le Moyen-Orient, l'absence du roi Salmane, «message très clair et délibéré» de l'Arabie saoudite à l'administration Obama, incite à ne pas s'attendre à des avancées majeures. «Les Saoudiens n'étaient pas très enthousiastes (sur ce sommet) dès le départ», explique l'expert de la Brookings Institution. «Au fur et à mesure que la date s'est rapprochée, ils ont senti qu'il n'y aurait pas de propositions véritablement concrètes», poursuit-il. Le sénateur républicain John McCain voit lui dans cette absence de taille «un indicateur du manque de confiance» de Riyadh et des autres monarchies envers le président américain. Après un dîner hier soir à la Maison Blanche, M.Obama et les dirigeants des six pays membres du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) se retrouveront aujourd'hui dans la résidence présidentielle de Camp David, à un centaine de kilomètres au nord de la capitale fédérale. L'exécutif américain reste - pour l'heure - évasif sur le type de résultats auxquels il espère aboutir à l'issue de ces deux journées qui s'annoncent comme une exercice délicat. «Les Etats-Unis sont focalisés sur la menace nucléaire de l'Iran», résume Jon Alterman, du Center for Strategic and International Studies. «Mais du point de vue des pays du Golfe, le programme nucléaire n'est que l'une des nombreuses facettes de la menace iranienne».