A quand le départ du train... Le fait est que durant trois décennies, le chemin de fer a été le parent pauvre du développement national et qu'il aura fallu attendre le plan 2005-2009 pour voir l'Etat se préoccuper de sa réhabilitation et de son essor. Si l'on parle beaucoup et très en détail de l'autoroute Est-Ouest, surtout en raison du procès qui a concerné cette réalisation, il existe d'autres projets dont on n'évoque, pour ainsi dire, que très rarement les paramètres. Fort opportunément, le ministre en charge du secteur des transports avant le récent remaniement ministériel, Amar Ghoul, répétait sans cesse que le programme de développement du rail allait révolutionner la place et le rôle du rail en Algérie, portant le linéaire du réseau à 12.000 km dans un «proche avenir». Effet d'annonce mais tributaire d'une profonde méconnaissance du dossier. Le réseau national, qui était en 1962 de 4000 km dont près de la moitié en voies étroites, a chuté au cours des décennies 1980 et 1990 à 1700 km, nombre de lignes ayant été fermées (exemple Annaba-Tébessa) ou détériorées pour cause de terrorisme. Le fait est que durant trois décennies, le chemin de fer a été le parent pauvre du développement national et qu'il aura fallu attendre le plan 2005-2009 pour voir l'Etat se préoccuper de sa réhabilitation et de son essor. Ainsi, la Sntf sera amputée de son volet études et réalisation pour ne plus se consacrer qu'à son rôle d'exploitant, caractérisé d'ailleurs par moult insuffisances et une entreprise nouvellement créée, l'Anesrif (Agence nationale pour les études et le suivi des investissements ferroviaires) sera créée avec pour mission de mettre en oeuvre les chantiers indispensables à cette politique. L'objectif des 12.500 km à l'horizon 2020 a donc été tracé, intégrant à une rocade des Hauts-Plateaux les boucles Sud-Est et Sud-Ouest ainsi que plusieurs pénétrantes. En filigrane d'un budget de l'ordre de 35 milliards de dollars alloués à cette agence, divers chantiers ont donc été lancés à partir de 2008 dont le plus achevé, Oran-Béchar, sera livré en juillet 2010, malgré certaines imperfections dues à la cadence effrénée des travaux. Lancée en 2011, la rocade des Hauts-Plateaux reliant Tébessa à Moulay Slissen (Sidi Bel Abbès) devait être, en principe, livrée «vers la fin de l'année 2013, au plus tard 2014», du moins pour des axes comme Saïda-Tiaret, long de 153 km avec des délais de 36 mois pour le groupement Cosider-Astaldi. Idem pour les axes Tissemsilt-Boughzoul, 139 km, livrable en décembre 2014, et Relizane-Tiaret-Tissemsilt. Pour un coût de 94 milliards de DA, cette rocade permettra, une fois achevée, de désenclaver les zones semi-arides des Hauts-Plateaux, surtout que les pénétrantes viendront assurer leur jonction avec le nord du pays. Mais la lumière semble tarder pour apparaître au bout du tunnel. Budgétisée à hauteur de 3930 milliards de DA, la rocade des Hauts-Plateaux a tendance à traîner en longueur, pour ce qui est de sa réalisation, la mode étant à l'inauguration, une fois l'an, d'un tronçon de quelques dizaines de km, en grande pompe certes, mais sans assurance quant aux lignes entières attendues. En témoigne l'axe Ramdane-Djamel-Constantine dont les reports ne se comptent plus et ne parlons pas de l'électrification de la ligne Annaba-Ramdane-Djamel. Quant au projet de ligne vers El Kala et la frontière algéro-tunisienne, il relève des objectifs virtuels parmi lesquels on évoque même le TGV pour une rocade dont la limitation de vitesse est prévue, selon les axes, entre 160 et 220km/heure. Crise pétrolière oblige, certains projets ont été certainement mis sous le coude, comme c'est le cas pour le métro et les tramways. Sans entrer dans les détails, il suffit de relever que les projets lancés en réalisation et donc bénéficiant des enveloppes allouées ne sont pas concernés par la politique de rigueur budgétaire adoptée au début 2015 mais que seuls ceux en études ou soumis à la commission sectorielle des marchés peuvent encourir ou un ajournement ou carrément une suppression. Il faut dés lors espérer qu'après la livraison de l'axe Sétif-El Gourzi, en 2012, viendra le prolongement El Gourzi-Tougourt, essentiel, voire même stratégique, pour la région de Hassi Messaoud - Ouargla.Quant aux boucles du Sud-Est (El Khemis-Djelfa) et Sud-Ouest (Timmimoun-Adrar, Beni Abbès, avec une jonction In Salah), elles auront eu le mérite d'exister sur le papier, en attendant que la conjoncture pétrolière vienne redynamiser ces projets méritoires. En attendant, on peut s'interroger sur la concrétisation des projets fixés à la Sntf en 2012-2013, sur le parcours Oran-Alger, dont la durée devait être réduite à 4h30 puis, six mois plus tard, à 4h exactement...