L'investissement de modernisation du secteur ferroviaire algérien s'élève à 18 milliards de dollars sur la période qui va à 2015. 10600 km de voies ferrées devraient être réalisés et 10 000 autres km électrifiés. Au cœur de ce gigantesque programme, supérieur à la dépense de l'autoroute est-ouest l'ANESRIF, maître d'ouvrage de la plus grande partie des chantiers ouverts. Un territoire immense d'enjeux financiers et industriel. Revue d'un programme peu connu dans le grand public. Le réseau des chemins de fer n'excédait pas 1.739 km en 2008. A la fin de ce premier semestre 2012, il aura doublé pour être porté à 3.919 km. Les 2.000 km de rails réalisés ou en cours de réalisation depuis 42 mois sont à l'actif de l'agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF). L'établissement public à caractère industriel et commercial, sous la tutelle du ministre des transports est le maître de l'ouvrage de la quasi-totalité des réalisations ferroviaires. Son nouveau directeur général, Azzedine Fridi, fraîchement installé en décembre de l'année 2011, a du pain sur la planche. Plusieurs de ses prédécesseurs ont été débarqués sans ménagement ces dernières années. Le budget colossal que traite l'ANESRIF y est pour beaucoup. Une première partie de ses dépenses a déjà donné naissance à un de nouveaux volumes de trafic. En 2009, l'électrification des deux lignes Alger-Thénia et Alger-El Affroun a été achevée, apportant un bond dans la fréquentation clients sur le réseau suburbain du grand Alger. Dans la continuité, le projet d'électrification de la ligne Thenia-Tizi Ouzou – 64 km, est en cours. Son retard s'est creusé en 2010 et 2011. La ligne reliant Oran à Bechar, remise au standard du rail transport de passagers, a été aussi mise en exploitation, fin 2011. La première partie Tébessa-M'sila a été déjà achevée et mise en exploitation, et la seconde tranche reliant M'sila à Sidi Bel-Abbès est en voie de réalisation. Réseau, rocade hauts plateaux et boucle du sud Le plus important est cependant à venir. Le plan rail à 2015 couvre tout le territoire national et concerne la modernisation de 855 km de lignes existantes, le doublement de voies sur 430 km, la construction de ligne des hauts plateaux sur 600 km et celle de la boucle du Sud 800 km. D'autres lignes de complément de réseau sont en cours de réalisation sur 828 km. Les nouvelles lignes projetées, encore au stade des études, totalisent 1.400 km. Parmi les nombreux chantiers ferroviaires lancés en 2011, deux tronçons de la rocade des hauts plateaux, Tissemsilt-Boughezoul qui s'étend sur 151 km. Le raccordement de la frontière est à la frontière ouest sans passage par la Mitidja et l'Algérois est un axe stratégique dans le schéma de développement du réseau algérien. Un groupement d'entreprises composé de Cosider, Infrarail, Seror et Estel travaillent sur ce projet. Le ministre des Transports, Amar Tou, a déclaré que cette ligne sera prolongée vers l'est jusqu'à la wilaya de M'sila sur une distance de 139 km, pour devenir une ligne M'sila-Tissemsilt d'une longueur totale de 290 km, segment central de la future rocade des hauts plateaux. Les points de raccordement de cette rocade à ses extrémités avec le reste du réseau national sont Tebessa à l'Est, et Sidi Bel Abbes à l'Ouest. Elle desservira Oum El-Bouaghi, Batna, M'sila, Ain Oussara, Médéa, Tissemsilt et Tiaret. Plus méridionale, et arrivant ultérieurement dans le plan de déploiement, la boucle du sud mettra en liaison deux axes nord-sud. Le premier partira de Djelfa pour joindre Hassi Messaoud par Laghouat, Ghardaïa, et Ouargla. Le second remonte de Hassi Messaoud vers le Tell, en passant par Ouargla, Tougourt et Biskra. Les points d'entrée de la boucle du sud, Djelfa au centre, et Biskra à l'est, sont déjà connectés au réseau national (Biskra) ou en voie de l'être (Djelfa). L'autre volet pour achever le maillage du réseau ferroviaire concerne les lignes régionales sur les axes nord-sud. Ainsi, le long de la frontière est de l'Algérie, la ligne Annaba- Souk Ahras sera étendue à El Oued, via Tebessa. De même, la connexion entre le réseau nord et la boucle du sud se fera grâce à une ligne Khemis-Meliana (Boumedfaâ)-Djelfa, qui croisera la rocade des hauts plateaux à Boughezoul. Les acteurs de ces marchés sont connus. Le chantier des 200 km de voies ferrées traversant la wilaya de Tébessa, Bir El Ater et la limite administrative de la wilaya de Souk Ahras sera lancée à la fin de 2012. L'ancien réseau du nord entre doublement et électrification « L'extension rapide du réseau ferroviaire pose le problème de son homogénéité », explique un cadre du secteur. Le virage vers l'électrification de l'essentiel du réseau nord a été entamé en 2007. Il s'accélère en 2011 avec la double voie ferrée électrique reliant Alger à Bouira, confiée à ISRJF pour une enveloppe financière de 161 millions de dinars. « L'étude technique est faite et le problème des expropriés terriens est levé » affirme le cadre du secteur. A l'ouest du pays, sur le réseau nord, le projet de dédoublement de la ligne ferroviaire Yellel (Relizane)- Oued Sly (Chlef) a été livré. Cette ligne de 94 kilomètres a été confiée à une société indienne pour une enveloppe financière de 16,2 milliards. La réception commerciale du projet est prévue pour le mois de septembre 2012. Sur le même axe Alger-Oran, le projet de modernisation et le dédoublement du tronçon Oued-Fodda, El- Attaf et Khémis Miliana, d'une consistance de 67 kilomètres, lancé en 2006, a pris du retard. Il doit être livré avant fin 2012. Sur le segment escarpé de la ligne Alger-Oran, les travaux de dédoublement de la voie ferrée entre El-Affroun (Blida) et Khemis-Miliana (Ain-Defla), ont débuté. Dans ce projet, un tunnel de 2.797 mètres sera réalisé. C'est sur ce tronçon que se situera, à Boumedfaâ, la gare de connexion vers le sud. Les 266 km qui relieront Boumedfaâ à Djelfa seront électrifiés. Un tunnel de 8 km de longueur est prévu sur cette ligne très attendue par la population du sud. Toujours sur le réseau nord, la modernisation de l'axe Alger-Constantine se poursuit à l'est de Bouira (électrification). Le projet principal concerne le doublement et la modernisation des installations sur le tronçon Sétif – El-Gourzi (Constantine) d'une distance de 125 km. Les travaux de ce projet, en dehors de la maîtrise d'œuvre qui est assurée par un bureau d'études canadien, sont actuellement menés par un groupement de réalisation de quatre entreprises publiques nationales. Date prévue de livraison: décembre 2014. La gestion de la sécurité du réseau en question Pour déployer un tel programme en respectant les normes de sécurité et de gestion, des entreprises nationales et étrangères ont développé des partenariats ces dernières années. La mise à niveau des équipements ferroviaires est une autre urgence du plan. Un partenariat stratégique a ainsi été concrétisé entre la SNTF et Siemens-Algérie en 2004. Le fruit est une filiale, Estel rail automation, doté d'un capital social de 65 millions de dinars. Estel Rail assure l'Ingénierie de signalisation et des télécommunications, de sonorisation et la télésurveillance du réseau. La question de la sécurité du transport ferroviaire est devenue lancinante. Le nombre d'accidents signalés sur les voies ferrées en Algérie a progressé plus vite que l'extension du réseau. Le ministre des transports a fait état, récemment, d'un dispositif sophistiqué pour assurer la sécurité des trains et de leurs passagers, basé sur un système de télécommunication mobile permettant de suivre l'activité des trains par des centres de contrôle, au niveau régional et central. L'acquisition de cette technologie n'est pas pour demain, avons-nous appris de sources bien informées. En dépit d'un pupitre moderne de contrôle de train sur lequel travaillent les conducteurs des nouveaux trains électriques, des accidents sont régulièrement signalés. Deux déraillements de train de transport de voyageurs se sont récemment produits à Thénia, un mort et de nombreux blessés sont à déplorer. Il y' a un mois, un train pétrolier a déraillé à l'entrée de la gare d'El Khroub (Constantine). Des quantités importantes de produit inflammable se sont déversées dans la nature.