Prix du scénario au Festival de Cannes de cette année, le film traite des relations humaines... «Si je fais ce métier, c'est pour critiquer le fait qu'il y ait une seule représentation de l'autre», a affirmé Agnès Jaoui, réalisatrice du film Comme une image, projeté avant-hier, à Alger, en avant-première. Partant des rapports humains, en particulier père-fille, Agnès Jaoui, qui joue également dans le film, plaide pour le respect de la différence des individus et leur culture. «Le poids des images, quand il est unique, peut nous oppresser, nous rendre moins heureux. Nous avons besoin d'images pour connaître l'autre. plus on connaît l'autre, moins on a peur», souligne-t-elle, pour expliquer le titre de ce film qui fait écho à l'expression: «Sage comme une image», un comportement dans lequel se complaisent beaucoup de personnes. La réalisatrice évoquera le personnage central de son film et le choix de son titre qui n'est pas fortuit : Lolita, est forte de corpulence a contrario de «l'image» comme chacun peut se «représenter» ce genre de personnage lisse et coquin. «Il n'y a pas de plus beau que la différence.» Mais le sujet du film, c'est aussi de parler des rapports de force (dominé, dominateur) donc du pouvoir qu'entretiennent les gens entre eux. «Le pouvoir existe dans n'importe quelle relation, c'est ce qu'on en fait qui compte», dit la réalisatrice qui indique que son but était de montrer l'image de certaines personnes qui «s'aplatissent et d'autres qui résistent», et d'ajouter: «Mon personnage, c'est quelqu'un qui a sa lâcheté, ses compromissions. Elle n'a pas raté sa vie. Elle est professeur de chant. Mais il y a cette blessure de ne pas être devenue chanteuse. Elle admire son mari. Elle se compromet mais arrive à se remettre en question et ouvre les yeux.» Porté par la musique, le film Comme une image gagne en fluidité. «Jouer est comme écrire ou chanter. Cela a le même rythme.» Agnès Jaoui parle en connaissance de cause, car elle chante depuis l'âge de 17 ans. Et on prend du plaisir à regarder cette histoire poignante sur la vie des gens qui veulent se faire un nom ou tout simplement gagner l'amour de l'autre. «La douleur et l'incertitude font partie de la vie. C'est pour les exorciser que j'ai choisi de les montrer.» Etant très contente d'être en Algérie, Agnès Jaoui confiera que ses parents sont nés en Tunisie et ceux de son mari, Jean-Pierre Bakri en Algérie, plus précisément à Bou Ismaïl où ils ont été avant-hier à la rencontre des anciens copains. Film émouvant, Comme une image dresse le portrait de personnes qui font parfois des choix douloureux mais en assument les conséquences. Un film miroir qui, malgré quelques descriptions caricaturales comme le désespoir cynique de cet écrivain célèbre, témoigne d'une réalité certaine. Le cinéma algérien, elle ne le connaît pas beaucoup. «J'ai vu Omar Gatlato, j'ai adoré, les films de Yamina Benguigi, Christophe Rujia.» Evoquant l'industrie cinématographique, Agnès Jaoui affirme avoir décliné l'offre des Américains d'aller jouer aux Etats-Unis car, dit-elle, l'acteur n'a aucune liberté face à l'hégémonie du producteur qui décide de tout. A l'affiche depuis aujourd'hui, le film Comme une image est distribué dans les salles Ibn Zeydoun (11h, 13h, 15h et 18h), Algeria et El Mougar (14h, 17h et 20h) grâce à Sora Production.