En l'absence de traditions dans le domaine de la critique littéraire, l'ouvrage de Nasserdine Ait Ouali vient combler, un tant soi peu, le vide constaté dans ce domaine. Ce nouvel ouvrage de Nasserdine Aït Ouali constitue le premier retour critique pour les auteurs de langue berbère ouvrant, ainsi, la voie de la critique du roman et de la nouvelle qui, associée à une bonne politique du livre, pourra booster l'affirmation identitaire de la littérature berbère écrite qui ira s'émancipant progressivement de l'oralité et de la médiocrité éditoriale ambiante. L'Ecriture romanesque kabyle d'expression berbère (1946-2014), titre d'un ouvrage de critique littéraire écrit par Nasserdine Aït Ouali, docteur en littérature française (université Paris VIII), vient de paraitre aux éditions L'Odyssée de Tizi Ouzou. L'auteur nous prévient à travers le titre choisi que le roman kabyle d'expression berbère n'a pas acquis toute son identité. Même si celui-ci a entamé le processus de sa maturation artistique, le pari n'est pas encore gagné, tant le nombre d'oeuvres et la qualité des écrits n'ont pas encore atteint un stade où l'on peut parler réellement de roman berbère. Rappelons, à l'occasion, que la critique littéraire n'a pas accompagné les écrivains berbérophones. Les quelques comptes-rendus de presse qui annoncent la parution de nouvelles oeuvres ne renseignent pas, malheureusement, sur la valeur littéraire des textes présentés; tout comme les travaux d'universitaires sur des oeuvres de fiction éclairant le lecteur des seuls points de vue sociologique et anthropologique. Cela, bien que nécessaire, n'aide pas à la prise en compte de l'exigence de la qualité par des auteurs sans repères. En l'absence de traditions dans le domaine de la critique littéraire, l'ouvrage de Nasserdine Ait Ouali offre le double intérêt de faire connaître la littérature kabyle et de marquer le début d'intérêt à cette jeune littérature kabyle. Il vient combler, un tant soi peu, le vide constaté dans ce domaine. «Il constitue le premier retour critique pour les auteurs de langue berbère ouvrant, ainsi, la voie de la critique (littéraire)..., qui, associée à l'avenir à une bonne politique du livre, pourra booster l'affirmation identitaire de la littérature berbère écrite qui ira s'émancipant progressivement de l'oralité et de la médiocrité éditoriale ambiante.» S'il existe de bons auteurs en berbère et des textes d'une grande qualité artistique, le terrain n'est pas pour autant exempt d'oeuvres ratées qui pourraient désorienter des apprentis écrivains en mal de repères. Les récits sélectionnés, pour les besoins de cette étude, constituent à peu près tout ce qu'il y a de valable dans le champ littéraire kabyle. Dans la première partie du livre, l'auteur étudie le roman; dans la seconde, il traite de la nouvelle. L'approche analytique multidimensionnelle employée dans cet ouvrage permettra au lecteur de connaître plusieurs dimensions des oeuvres étudiées en ce sens que l'étude adopte plusieurs points de vue: narratif, poétique, stylistique et générique. Concernant ce dernier point, par exemple, c'est pour la première fois que Asfel de R. Alliche est classé dans la catégorie du nouveau roman, non sans une argumentation rigoureuse qui clôt définitivement ce chapitre. Le livre est écrit dans un style accessible pour le grand public. Le métalangage y est utilisé de manière très mesurée, convoqué au besoin, sans trop encombrer le texte, offrant ainsi une panoplie de clés permettant de saisir comment l'auteur s'y est pris pour exploiter les théories littéraires, notamment la sémiotique, dans l'analyse opérée et repérer des points d'appui à traiter dans les textes retenus. Il est écrit avec toute la rigueur que nécessite ce genre d'ouvrages.A ce titre, ce livre pourra être utilisé avec profit par les enseignants et les étudiants dans le domaine des études amazighes.