Le jury aux côtés des réalisateurs primés Le jury de la sélection Un Certain regard, présidé par la belle Isabella Rossellini a dévoilé samedi soir son palmarès en récompensant le touchant film Hrútar (Béliers / Rams) de Grímur Hákonarson. En attendant de connaître qui a été palmé, hier, la salle Debussy a accueilli la cérémonie de clôture de la section Un certain regard après douze jours intenses de projection de films issus de cultures différentes, des plus surprenants et émouvants les uns que les autres, dont certains nous ont fait rêver et d'autres énervés quasiment mais étonnés au bout du compte. Cette année, Un Certain regard 2015 a proposé dans sa compétition 19 films venus de 21 pays différents. Quatre d'entre eux étaient des premiers films. Le film d'ouverture était An de Naomi Kawase dont nous avions loué ici tous les mérites et qui repart bredouille à notre plus grande surprise. Présidé par Isabella Rossellini (cinéaste - Etats-Unis, Italie), le jury était composé de Haifaa al-Mansour (réalisatrice - Arabie saoudite), Panos H. Koutras (réalisateur - Grèce), Nadine Labaki (réalisatrice, actrice - Liban) et Tahar Rahim (acteur - France). «Nous, membres du jury, aimerions remercier le festival de Cannes pour nous avoir invités à faire partie du jury Un Certain regard. L'expérience d'avoir visionné 19 films, en provenance de 21 pays différents reste en notre mémoire. Nous avons eu l'impression de prendre un avion et de survoler notre planète et ses habitants... N'importe quel anthropologiste nous envierait. Nous aimerions remercier tout particulièrement Thierry Frémaux et son équipe pour leur incroyable gentillesse. Je ne peux m'empêcher d'exprimer personnellement ma gratitude envers le festival pour avoir choisi ma mère Ingrid Bergman pour l'affiche du 68e festival de Cannes. Maman plane au-dessus de nous tous, réalisateurs et cinéphiles, tel un ange gardien. Merci», dira la sublime Isabella Rossellini habillée d'un costume sombre rehaussé d'une longue écharpe colorée. Aussi, après avoir fait monter sur scène comme le veut la tradition chaque année tous les agents de sécurité pour saluer leur travail fourni durant tout le festival, place aux récompenses. Thierry Frémaux invitera auparavant le président du festival de Cannes depuis janvier 2014, à le rejoindre sur scène, Pierre Lescure pour accompagner cette remise des prix. Aussi, le Prix Un certain regard est revenu à Hrútar (Béliers / Rams) de Grímur Hákonarson. L'histoire de deux frères éleveurs de moutons à qui il arrivera des déboires pour finir par se réconcilier grâce à leur passion pour cet animal qu'ils refusent de sacrifier sous prétexte qu'il y a une épidémie de tremblante. Le Prix du jury est revenu à Zvizdan (Soleil de plomb / The High Sun) de Dalibor Mataniæ dont la trame se situe en Croatie pendant deux décennies, du déclenchement de la guerre avec la Serbie, en 1991, jusqu'au retour à la normalité, 20 ans plus tard, sur fond d'histoires d'amour tumultueuses et impossibles. Le Prix de la mise en scène quant à lui a été décerné à Kiyoshi Kurosawa pour Kishibe no tabi (Vers l'autre rive / Journey to the Shore). Recevant son prix, le réalisateur japonais remerciera le jury d'avoir récompensé un petit film modeste, ajoutant «comme quoi il existe vraiment des miracles à Cannes». Un homme, Yusuke, disparu en mer il y a trois ans, revient un jour auprès de son épouse Mizuki. Yusuke lui propose un voyage en sa compagnie consistant à rendre visite à toutes les personnes qui lui ont rendu service durant sa disparition. Alors qu'ils voyagent ensemble, Mizuki voit, touche et ressent ce que Yusuke a fait pendant trois ans. Le Un certain talent est revenu à Comora (Le Trésor / Treasure) de Corneliu Porumboiu. Le Prix de l'avenir a été décerné à Masaan de Neeraj Ghaywan ex aequo avec Nahid d'Ida Panahandeh dont on a vraiment apprécié le film comme souligné ici dans nos colonnes. La réalisatrice a d'ailleurs réitéré sa dédicace en affirmant avoir une pensée pour sa mère suite à cette récompense. Un prix bien applaudi par le public. Ce dernier suivra à la fin pour ceux qui l'avaient raté le touchant film Hrútar (Béliers / Rams) de Grímur Hákonarson qui oscille entre drame et humour sans lasser le spectateur. Dernière minute La Palme dor à Dheepan de Jacques Audiard La Palme dor du festival de Cannes a été attribuée hier au cinéaste français Jacques Audiard pour Dheepan, film qui suit le parcours en France de réfugiés sri-lankais fuyant la guerre mais confrontés à la violence dans une cité de la banlieue parisienne. «Je pense à mon père», a déclaré très ému Jacques Audiard, 63 ans, en recevant la récompense suprême du festival. Il est le fils du scénariste et dialoguiste Michel Audiard.