«À Cannes, il y a les choisis, les malheureux, les stars, des gens qui vont vendre leur scénario à la sauvette, cela représente vraiment tout ce qu'est le cinéma.» Sophie Marceau Fini Cannes, fini les paillettes, le tapis rouge, les glissements et les fantasmes de Tewfik Hakem, les soirées bien arrosées et les colocations à 10 dans un studio. C'est désormais le désert sur la petite commune de Cannes, qui a vu défiler plus de 10.000 journalistes et environ 200.000 festivaliers. Le grand enseignement de cette 68e édition du festival de Cannes, c'est la victoire effective du cinéma français. En effet, le cinéaste français Jacques Audiard a remporté le titre suprême: la Palme d'or pour son film Dheepan, qui raconte le parcours en France de réfugiés srilankais... Vincent Lindon a, quant à lui, raflé le Prix d'interprétation masculine pour son rôle de chômeur humilié dans La loi du marché de Stéphane Brizé. Le cinéma français a remporté aussi un autre Prix majeur, celui de la meilleure actrice, attribué à Emmanuelle Bercot pour son rôle de femme amoureuse dans Mon roi de Maïwenn. Un prix qu'elle partage avec l'Américaine Rooney Mara pour son interprétation dans le film de Todd Haynes, Carol. (On n'est pas chauvin pour une fois) la victoire du cinéma français dans son festival à Cannes n'a pas été volée, elle est même justifiée. Pour preuve, ces films sont bons et méritent tout notre intérêt. Mais il faut dire aussi que si le cinéma français a brillé à Cannes, c'est essentiellement en raison de la forte présence de ses films dans toutes les sections. C'est comme aux Jeux olympiques, le pays qui place le plus de participants dans toutes les disciplines récolte le plus de médailles. C'est le cas de la France au festival de Cannes. En imposant la règle de trois films français dans chaque section et choisissant pour les jurys, des cinéastes étrangers installés en France, ce qui facilite la tâche pour la consécration. Sur les 68 Palmes d'or accordées au festival de Cannes, la France n'a pourtant décroché qu'une dizaine de Palmes. Elle est loin derrière les Etats-Unis, l'Italie et la Grande-Bretagne. Cela ne signifie pas que le cinéma français n'est pas à la hauteur des attentes cinématographiques. Mais depuis quelques années, les organisateurs sont, depuis, plus protectionnistes par rapport aux Américains et aux Asiatiques. Pour être d'actualité et s'imposer par rapport aux sujets de l'heure, les cinéastes français sont obligés d'imposer leurs films avec des sujets d'actualité internationaux. L'homosexualité avec La vie d'Adèle en 2013, l'immigration asiatique avec Dheepan d'Audiard et la crise financière avec le Prix pour Vincent Lindon, qui le mérite amplement. Ce succès démontre la mise en place d'une politique cinématographique efficace tournée vers l'international et qui a porté ses fruits et donné ses résultats. [email protected]