«C'est le bulletin de vote ou la balle, la liberté ou la mort, la liberté pour tous ou la liberté pour personne.» Malcom X On peut dire qu'Internet constitue un grand progrès dans le domaine de l'expression démocratique, même si quelquefois, il y a ici et là des abus. Je m'explique: avant, les débats concernant les questions sociales et culturelles étaient menées dans des cercles spécialisés par des groupes restreints alors qu'à présent les internautes s'invitent dans les débats ou bien participent pleinement quant on leur demande leur avis. C'est à propos de la campagne menée par une association pour la francophonie et à laquelle a participé le grand linguiste français Alain Rey que le phénomène de démocratisation s'est imposé: il s'agissait pour les internautes de voter pour désigner les mots de l'année. Il y a une décennie ou plus, c'étaient les spécialistes de la presse ou bien de vigilants statisticiens qui auraient épinglé les mots occupant le plus l'esprit des citoyens, aujourd'hui c'est la Toile qui a tranché pour dire que la liberté d'expression et la laïcité sont les mots qui préoccupent le plus les Français et, au-delà, les francophones. Ces mots sont éloquents sur l'état d'esprit des citoyens d'un pays où les mots «Liberté, Egalité, Fraternité» sont inscrits au fronton de tous les édifices officiels et où la publication et la diffusion d'opinions ne sont pas soumises à des autorisations préalables. Mais voilà où le bât blesse: la liberté d'expression existe-t-elle vraiment au pays d'Hugo et de Zola? Elle existe si on en juge par le nombre impressionnant d'oeuvres écrites et filmées qui paraissent chaque année: cette liberté tranche singulièrement avec l'aridité culturelle qui sévit dans les pays du Sud. Et cette aridité n'est pas toujours liée à des questions d'ordre économique, puisque ces pays à façade démocratique peuvent en même temps, gaspiller des fortunes dans des opérations de prestige et étrangler par ailleurs celui qui dit que le ciel est gris quand il pleut des cordes. C'est que la censure n'est pas la même selon qu'on soit au Nord ou au Sud. En France, la censure souveraine prend des gants particuliers. Ces gants s'appellent: incitation à la haine, apologie du terrorisme, négationnisme... Bien sûr, les lois qui désignent ces délits faits sur mesure pour empêcher certains damnés de la terre de dire des vérités qui rouvrent certaines cicatrices, ont été proposées par des hommes respectables et votées par des élus représentatifs... Bien sûr, ces lois ne privent de la parole qu'une certaine frange de la population: celle qui a été colonisée deux fois, une fois en Afrique et une fois en France. Mais ces lois ne partent que d'axiomes dictés par les lobbies dominants: comment peut-on parler d'incitation à la haine quand on critique un pays fondé par une colonisation féroce basée sur des principes religieux? Comment peut-on parler de terrorisme quand les armées de l'Otan s'invitent dans des pays souverains qui ne leur ont jamais fait appel? Comment peut-on parler de négationnisme quand des chiffres se rapportant à des faits historiques sont encore en débat et qu'aucune vérité historique n'est éternelle. Si les lois ne suffisent pas pour restreindre la liberté d'expression au pays de Marat et de Robespierre, il y a les milices sionistes, les milieux financiers et les partisans d'un certain ordre public pour interdire ou empêcher les spectacles de Dieudonné et les conférences d'Alain Soral.