«Boycott? En culture? Je n'y crois pas. La culture est justement ce qui peut nous rassembler, nous apaiser. Ne pas s'adresser à des gens qui sont pris en otage par leurs concitoyens aveuglés par leur violence et leur sclérose, c'est le meilleur moyen pour les convaincre de rejoindre leur rang.» Lyes Salem La dernière polémique créée par le film El Wahrani, provoqué par les déclarations du cinéaste Lyes Salem a démontré une nouvelle fois le fossé qui existe entre le cinéma et la politique chez les cinéastes algériens. En se vantant de participer à un festival dans une ville, dans les territoires occupés par Israël, Lyes Salem a fixé ses limites en culture politique. Pis encore, il ose donner des leçons à Ken Loach, pour avoir participé à ce festival palestinien et oser dénoncer Israël. En déclarant sur sa page Facebook qu'il ne rendrait pas en Israël, Lyes Salem croyait que les Algériens et surtout les responsables du cinéma national comprendraient sa démarche et accepteraient son idée, ignorant au passage que l'Algérie et les politiciens algériens ne font aucune différence (alors là aucune) entre la gauche et la droite israélienne. En lançant cette démarche et en médiatisant, le réalisateur algérien n'a pas calculé les conséquences politiques et médiatiques de sa démarche. Dans son poste, il s'est même attaqué au réalisateur anglais Ken Loach en déclarant: «J'ai un profond respect et une admiration sans bornes pour Ken Loach, il fait partie de ceux qui m'ont «invité» sans le savoir à faire du cinéma, mais ses prises de positions (qui l'honorent sans doute aux yeux d'un paquet de fans spontanés qui n'ont sans doute pas vu un seul de ses films) n'engagent que lui, je ne suis pas tenu d'y adhérer.» Lyes Salem qui s'est présenté comme un donneur de leçons politiques, a précisé qu'il vit en Europe et qu'il ne voit pas trop ce que l'amalgame peut générer comme injustice «crasse» pour ne pas présenter son film à une audience qui sera sans doute composée d'Israéliens peut-être convaincus de la politique actuelle, précisant qu'il y aura aussi des Arabes et des Palestiniens. Lyes Salem qui a voulu faire le buzz en affichant son sens inné de la paix, s'est retrouvé relégué au rang des partisans non reconnus de la normalisation des relations algéro-isaréliennes. Il a raté l'occasion de figurer au panthéon des personnalités qui ont favorisé la reconnaissance de l'Etat palestinien, en l'occurrence les cinéastes britanniques Ken Loach et Mike Leigh, le producteur et scénariste français Robert Guédiguian et l'ex-footballeur Eric Cantona, qui ont tous parrainé et soutenu le lancement d'un festival palestinien en France. Finalement Lyes Salem, et surtout sa productrice Isabelle Madlène, risque de payer cher son impéritie politique et marquer à jamais son ineptie dans le domaine médiatique.