Le marché parallèle de devises renaît Mi-avril, le marché parallèle de devises à Alger était fermé après une opération coup-de-poing menée par la police. Cette semaine, les cambistes sont à nouveau à l'oeuvre sur les lieux. En effet, le mouvement habituel avec des «cambistes» éparpillés sur les trottoirs aux alentours du Palais de justice d'Alger est de nouveau visible. A propos, un euro est à 160 DA sur le marché parallèle de devises en Algérie. La cotation officielle d'avril 2015 donne un euro pour 104,7 dinars. Avec cet écart, les devises se vendent et s'achètent sur la place publique sans aucune intervention bancaire. Il faut savoir aussi que la valeur du dinar est fonction de la confiance et d'une économie productive. Pour les experts, la convertibilité totale est possible avec l'importance des réserves de changes algériennes et permettrait de réduire le marché parallèle et de redonner confiance en la monnaie. Selon l'économiste, Abderrahmane Mebtoul, il existe en Algérie depuis des décennies des distorsions entre le taux de change officiel du dinar et celui sur le marché parallèle. Le square Port Saïd à Alger, certaines places à l'Est et à l'Ouest sont considérées comme des banques parallèles à ciel ouvert fonctionnant comme une Bourse où le cours évolue de jour en jour selon l'offre et la demande et les cotations au niveau mondial du dollar et de l'euro. Ce marché noir joue comme assouplisseur à un contrôle des changes trop rigide. Bien que les données soient souvent contradictoires, certaines sources estiment environ entre deux et trois milliards de dollars qui se seraient échangés, annuellement, sur le marché parallèle algérien entre 2009/2014. Le montant est extrêmement faible en comparaison avec les sorties de devises. Pour preuve en 2014 plus de 71 milliards de dollars de biens et services formaient l'ensemble des importations. L'écart s'explique par la diminution de l'offre du fait que la crise mondiale combinée avec le décès de nombreux retraités algériens ont largement épongé l'épargne de l'émigration. Cette baisse de l'offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l'étranger. Le marché parallèle de devises est bien plus important que l'épargne de l'émigration permettant des achats d'immobiliers qui expliquent la flambée des prix, notamment dans les grandes agglomérations et même dans des zones semi-urbaines. Ces montants fonctionnent comme des vases communicants entre l'étranger et l'Algérie et renforcent l'offre. Quant à la demande, elle provient de simples citoyens qui voyagent comme les touristes, ceux qui se soignent à l'étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l'allocation devises dérisoire. La demande provient également de la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation avec une concentration au profit d'une minorité rentière et 65% des segments des différents marchés. Malgré tous ces éléments, les bureaux de change officiels tardent encore à faire leur apparition.