Redjimi donne la nette impression de faire usage de la main de fer dans un gant de velours. M.Mourad Redjimi, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui avait déjà affirmé que «les revendications de la Fédération nationale des travailleurs de la santé (FNTS) sont légitimes, mais que la grève observée depuis plus d'une semaine l'est moins» a encore exprimé, lors d'une rencontre avec la presse organisée par le quotidien El Djazair News, hier, ses réserves face à la protestation des blouses blanches. Ces dernières, rappelons-le, et sous la bannière de tous les syndicats et corps médicaux confondus se réunissent aujourd'hui en une intersyndicale d'où une action commune risque d'émerger. «J'espère que praticiens et travailleurs de la santé réalisent à la faveur de leur rencontre tout l'impact de leur mouvement sur un secteur stratégique et éminemment social», a dit le ministre dont l'intervention, faut-il le signaler intervient dans un climat social des plus électriques. Attaqué sans cesse par un parterre de journalistes qu'il a qualifié de percutants, le ministre n'avait en effet aucune échappatoire devant les questions qui tournaient toutes autour de l'actualité chaude de son secteur, laquelle est principalement faite de grèves cycliques dont la dernière en date et encore en vigueur est celle des travailleurs de la santé affiliés à l'Ugta. «Je suis désolé en tant que citoyen d'abord par ce qui arrive dans nos hôpitaux du fait de cette levée de pied», souligne le ministre avant d'enchaîner: «Nous ferons tout pour arriver à des résultats qui puissent arranger tout le monde» comme pour signaler les conclaves marathon qu'il tient jour après jour avec les principaux protestataires au siège même de son département. Mais, il ne put cacher par la suite, face à l'inquiétude des malades devant le fait accompli qui semble leur être imposé par l'action d'une grève que Redjimi juge non encore d'à propos, d'user de toutes les prérogatives que lui confère la loi en pareil cas. «Je respecte le droit à la grève mais j'ai également pour droit d'appliquer les textes en tant que responsable de la santé des Algériens dont je reçois de nombreuses plaintes faisant état de quelques dépassements graves dans leur droit d'accès aux soins d'urgence et spécialisés, notamment les cancéreux en cure de chimiothérapie». Affichant une constante attitude d'ouverture au dialogue, Redjimi donne cette fois la nette impression de faire usage de la main de fer dans un gant de velours; entendre par là et à en croire ses propos d'opérer des ponctions sur salaires, c'est-à-dire ne pas payer les journées non travaillées. L'on ne peut être plus clair ! Notons que dans les faits, des faits malheureux ont été enregistrés çà et là à la suite du débrayage, tout à fait légal au demeurant, des travailleurs de la santé, à l'instar de la mort d'une femme au seuil de l'hôpital de Constantine. Redjimi dit vouloir faire toute la lumière sur ce genre de fâcheux épisodes , voire recourir à la justice, le cas échéant, et où la décision reviendra au juge, a-t-il asséné. Le ministre a par ailleurs brossé un tableau fort encourageant de la santé des Algériens: la santé nous concerne tous et chacun de nous doit y jouer un rôle actif, a-t-il conclu, confiant dans les vertus du dialogue social seul à même d'instaurer la paix.