Elle est bien loin l'époque où la «Roja» écrasait tout sur son passage... Après avoir brillé au firmament européen en 2008 et 2012, l'Espagne semble comme éteinte en vue de l'Euro-2016 en France: la «Roja» affiche des zones d'ombre dans toutes ses lignes à un an de défendre sa double étoile continentale. Le désenchantement né de l'élimination l'été dernier au premier tour du Mondial-2014 reste palpable en Espagne. Et le gardien Iker Casillas (34 ans, 161 sélections) reste durablement marqué par ce fiasco, au point d'avoir commis une grossière faute de main à l'automne contre la Slovaquie (défaite 2-1) en qualifications pour l'Euro. Cela a encore fragilisé son statut face à l'étoile montante David de Gea (24 ans, 4 sélections). Et il y a pire pour «San Iker»: De Gea, en fin de contrat en 2016 à Manchester United, est pressenti pour rejoindre cet été le Real Madrid, où il concurrencerait frontalement l'icône merengue. «De Gea est un gardien pour le présent et l'avenir», a commenté Casillas fin mai au micro de la radio Cadena Ser. «S'il vient, il sera bien reçu et nous l'aiderons. Nous rivaliserons», a-t-il assuré. Mais il n'est pas sûr que Casillas sorte vainqueur de ce duel-là. Depuis plusieurs mois, le sélectionneur Vicente Del Bosque se plaint d'un «léger déficit» de vivier au niveau de la charnière centrale. De fait, derrière le duo Gerard Piqué-Sergio Ramos, c'est un peu le désert. D'ailleurs, sur ses dix dernières rencontres, l'Espagne a encaissé 14 buts: retrouver la rigueur passée semble un impératif. Le retour en pleine forme de Piqué, vainqueur du triplé Championnat-Coupe-Ligue des champions avec le FC Barcelone, est une bonne nouvelle mais pas une garantie alors que Ramos souffre régulièrement de pépins musculaires. Quant à la relève, elle tarde à arriver: Mikel San José (Athletic Bilbao) ou Marc Bartra (Barcelone) semblent encore un peu tendres pour le haut niveau. Xavi Hernandez (35 ans) et Xabi Alonso (33 ans) ayant pris leur retraite internationale, la «Roja» doit rebâtir son milieu de terrain, ce secteur emblématique où les petits gabarits espagnols ont bâti leurs triomphes. Certes, le milieu de Chelsea Cesc Fabregas (28 ans) et les Barcelonais Andres Iniesta (31 ans) et Sergio Busquets (26 ans) devraient faire figure de cadres à l'Euro. Mais il faudra que d'autres figures émergent d'ici là, comme Koke, milieu tout-terrain de l'Atletico Madrid, ou bien Isco, petit meneur du Real Madrid, très bon à l'automne en club et en sélection avant de s'éteindre au printemps. Dans ce secteur, l'Espagne s'accroche à un espoir: que Thiago Alcantara, récemment revenu d'une longue blessure avec le Bayern Munich, retrouve son rayonnement et devienne le maître à jouer de la «Roja», le successeur de Xavi. Son choix de l'Espagne aux dépens de son Brésil natal avait agité la Coupe du monde brésilienne mais Diego Costa n'a pour le moment pas justifié la confiance de Del Bosque (1 but en 7 sélections). L'attaquant de Chelsea, troisième meilleur buteur de Premier League (20 buts), traîne en outre des problèmes physiques qui l'ont écarté des rendez-vous internationaux du mois de juin. Costa n'a donc pas résolu le dilemme récurrent de la «Roja»: comment éviter que le jeu de passes espagnol ne débouche sur une domination stérile? A ce rythme, Paco Alcacer (Valence, 3 buts en 5 sélections) et Alvaro Morata, décisif pour emmener la Juventus jusqu'en finale de Ligue des champions, pourraient bien concurrencer l'Hispano-Brésilien. Et alimenter les doutes du double champion d'Europe en titre.