Un festival marqué par une désorganisation jamais vue jusque-là L'Algérie se distingue par deux Prix spéciaux du jury, décernés respectivement à Passage à niveau de Anis Djaâd et Rani Myet de Yacine Benhadj. Après une dizaine de jours de compétions et de nerfs mis à rude épreuve, la 8e édition du Festival international du film arabe a baissé rideau hier au Centre des conventions de l'hôtel Méridien, non sans être marquée d'un pic de désorganisation jamais égalée dans l'histoire du festival puisque des agents de sécurité plutôt débordés et zélés se sont attaqués non seulement à certains invités du festival mais en sont venus aux mains y compris à l'encontre de certains membres du staff organisationnel et autres professionnels du cinéma tandis que Lakhdar Hamina fut carrément bousculé et mis à terre... Un épisode à marquer dans les annales du Fiofa. La soirée de clôture avait, en tout cas, mal commencé pour certains et fini tout aussi mal pour d'autres. Entre les deux une cérémonie expéditive ce qui n'est pas trop pour nous déplaire. Car l'essentiel a été donné, soit le palmarès, un peu mitigé à notre goût. Car d'autres critères que cinématographiques ont pesé certainement dans la balance, sans trop généraliser tout de même. Aussi, après la lecture du communiqué signé par l'ensemble des représentants des festivals arabes, lesquels ont siégé durant le festival portant sur la promotion et la diffusion du cinéma arabe à travers des ateliers et la continuité de la coordination, il a été annoncé par les présidents du jury de chaque section les noms des lauréats qui se présentent comme suit. Dans la catégorie film court, une mention spéciale a été attribuée au film L'eau et le sang du Marocain Abdelilah Al Jaouhari, un Prix du jury est revenu à Anis Djaâd avec Passage à niveau tandis que le Prix du meilleur court-métrage est revenu à Hind Boujemaâ avec Et Roméo épousa Juliette. Côté documentaire, le président du jury Adnani Noureddine fera remarquer que ce n'était pas une mince affaire de départager entre tous les films eu égard à la richesse des thématiques abordées et les divers langages artistiques utilisés et de faire savoir: «Je suis impressionné par le choix de ces films qui témoignent de l'existence d'une nouvelle génération consciente du cinéma arabe...» Aussi, sur les 11 films sélectionnés, un seul a été primé, à savoir Je suis du côté de la mariée de Gabriele Del Grande, Khaled Souliman Al Nassiry et Antonio Augugliare. L'histoire vraie de cinq Palestiniens et Syriens, après avoir fui la guerre, se déguisent en invités d'un faux mariage et essaient de traverser l'Europe sans papiers avec leurs contrebandiers spéciaux pour aller demander l'asile politique en Suède. Cela a réellement eu lieu sur la route de Milan à Stockholm entre le 14 et le 18 novembre 2013. Côté long-métrage, le jury a décidé tout d'abord d'attribuer quatre mentions d'encouragements pour les enfants vus dans les films, de A à B de l'Emirati Ali. F. Mostafa, le petit garçon du film Theeb de Naji Abo Nowar, la fille du long-métrage yéménite Moi 10 ans et divorcée de Khadija El Salami, le petit garçon de L'orchestre des aveugles de Mohamed Mouftakir et enfin celui qui joue dans Rani Myet de l'Algérien Yacine Benhadj qui a également remporté le Prix spécial du jury. Dans son allocution de remerciements Yacine aura une pensée à de nombreux jeunes réalisateurs algériens qui se sont fait connaître, notamment en dehors de leur pays avant d'être reconnus en Algérie et d'autres dont il faudra reconnaître le talent chez eux, à l'instar de Tarik Teguia, Malek Bensmaïl, Karim Moussaoui, Damien Ounouri, Abdelghani Raoui, etc. Notons que le Prix d'interprétation masculine est revenu à Nour Chérif dans le film de Amir Ramsès, A l'heure du Caire qui a raflé celui aussi du scénario, tandis que le Prix de la meilleure interprétation féminine est revenu à Sabah El Djazaïri dans le film La mère de Bassel El Khatib. Avant de déclarer le nom du grand vainqueur, Mohamed Lakhdar Hamina exhortera à l'adresse du nouveau ministre de la Culture avec son franc-parler caractérisé à multiplier les festivals de cinéma en Algérie soulignant que l'Algérie est un pays pauvre de ses artistes, bien que le cinéma algérien ait pu prendre son envol estime-t-il grâce à Ahmed Rachedi et sa personne avec des films sur la révolution algérienne. Et de renchérir: «Il y a des jeunes metteurs en scène en perdition qui ont besoin d'aide pour faire leur film. A ceux-là, je leur dis: je suis là! En aidant ces jeunes c'est la culture qu'on aide. A 85 ans, on est encore là. Vive l'Algérie et au diable ceux qui ne nous aiment pas! («Li mayhabnach idez maâhoum!». Et de remettre le trophée du Wihr d'or (Lion d'or) à Mohamed Muftakir pour son excellent long-métrage marocain L'Orchestre des aveugles. Prenant la parole enfin, la comédienne Soulaf Fakhawardji confiera que le commissaire du festival Brahim Sediqui lui a proposé d'organiser le festival du film de Damas depuis l'Algérie à cause de la guerre qui dure depuis cinq ans et de faire l'éloge du Palais de l'Emir Abdelkader qui se trouve en Syrie et qu'elle admirait depuis son enfance et de réitérer son amour pour son pays, et son attachement à l'Algérie avec ce refrain de notre hymne national «Wa aâqadnâ l-aâzma an tahya al-Djazaïr. Fa-shadû! Fa-shadû! Fa-shadû!» Et la salle d'applaudir à tout rompre...