Cavani tentera de faire oublier Suarez Champion il y a quatre ans, l'Uruguay ne fait pas partie des favoris à sa propre succession. Il faut dire que depuis la dernière Copa America, tout ou presque a changé pour la Celeste. Sacré en 2011 pour la 15e fois (un record) après avoir été demi-finaliste du Mondial 2010, l'Uruguay n'aborde pas la défense de son titre en toute confiance. La Celeste entre dans la compétition ce samedi face à la Jamaïque (21h00), avant deux plats beaucoup plus indigestes (Argentine le 17 et Paraguay le 20), avec des bases profondément différentes. En 2011, l'Uruguay s'appuyait notamment sur deux légendes du football local: le capitaine Diego Lugano (95 sélections) et Diego Forlan (112 capes). Derrière, Martin Caceres était inamovible tout comme Sebastian Coates (qui avait été élu meilleur espoir du tournoi). En attaque, Luis Suarez flambait (deuxième meilleur buteur et meilleur joueur de la compétition). L'équipe type 2011 (4-3-3): Muslera - Caceres, Coates, Lugano, M.Pereira - A.Pereira, A.Rios, Pérez - A.Gonzalez, Forlan, Suarez. Depuis, Forlan et Lugano ont pris leur retraite, Coates est tombé dans l'anonymat (prêté par Liverpool à Sunderland), Caceres est blessé tandis que Suarez est suspendu pour sa morsure sur Chiellini lors de la dernière Coupe du monde. Rapidement touché à un genou lors de l'édition 2011, le Parisien Cavani mène désormais l'attaque avec le Bordelais Rolan. La défense a des airs de l'Atlético Madrid puisque Gimenez et Godin sont associés dans l'axe. Quatre ans plus tard, seuls quatre titulaires sont rescapés du grand chamboulement qu'a donc connu la Celeste, seulement 8e de finaliste de la Coupe du monde 2014: le gardien Muslera, les défenseurs A. Pereira et M. Pereira, ainsi que le relayeur Lodeiro. Muslera (28 ans) a quitté la Lazio pour Galatasaray où il a remporté trois titres de champion. De star à Porto, A. Pereira est passé au statut d'anonyme à l'Inter Milan mais ses récents prêts à Sao Paulo et aux Estudiantes ne l'ont pas empêché de conserver sa place en sélection. Pilier de la Celeste, M. Pereira (31 ans) l'est également au Benfica Lisbonne depuis 2007. Enfin, Arévalo Rios (33 ans) a fait du chemin depuis son départ de Botafogo pendant la Copa America 2011: Tijuana, Palerme, Chicago, Morelia et désormais Tigres. Il demeure un élément clé du collectif uruguayen. En poste depuis près de dix ans, le sélectionneur Oscar Tabarez, a lui aussi résisté. Il est l'âme de la sélection et, à soixante-huit ans, une idole au pays. L'ancien entraîneur de l'AC Milan donne l'Argentine comme favorite mais ne s'avoue pas vaincu: «Nous sommes un peu dans le flou. Mais nous n'étions pas favoris il y a quatre ans et nous avions gagné. Alors, nous allons tout donner, en sachant bien que nous défendons notre record de victoires en Copa America.» L'Uruguay, quinze titres, devance d'une unité son voisin et grand rival. Mais l'absence de Suarez lui pose un grand problème: «C'est comme si Messi était absent pour l'Argentine, ou Sergio Ramos en Espagne.» Sans Suarez, la sélection ne fait plus peur Sans son attaquant vedette, auteur d'une fin de saison superbe avec le FC Barcelone mais qui doit encore purger huit matches de suspension, l'Uruguay n'est pas le même. Au Mondial brésilien, les hommes de Tabarez avaient d'abord semblé sans solution face au Costa Rica (1-3). Avec le retour de leur atout numéro un, le sentiment de puissance était revenu, et l'Angleterre l'avait constaté (2-1, doublé de Suarez). Sans l'homme providentiel, les regards seront tournés vers Edinson Cavani. Mercredi, dans une interview au quotidien sportif argentin Olé, le buteur du PSG se satisfaisait du statut d'outsider de son pays. «Nous savons que l'Uruguay n'est jamais arrivé en favori. Nous partons avec notre identité et il se peut qu'au fil des matchs, elle commence à faire davantage de bruit», a-t-il prévenu. Au fond, si le groupe a changé, l'esprit demeure...