Les femmes, revendiquant leur droit à la sécurité et la sécurisation de leurs biens, accueillent ces renforts avec des youyous qu'elles lançaient à gorge déployée. «Sauvez-nous de Larbi Chekchaka, des Sanafir et de Ould Amria du groupe Daesh», dira, toute inquiète et poltronne, une femme rencontrée dans le quartier populaire de Sidi El Bachir, situé dans l'entrée est d'Oran. Elle ajoute, tout en accélérant le pas pour rentrer dans son domicile: «Nous avons peur, nous ne dormons plus la nuit, les gangs des Sanafir et de Daesh viennent nous racketter, sinon, a-t-elle renchéri toute tremblante, l'essence et la bouchia feront l'affaire.» Le quartier de Sidi El Bachir est encore loin de retrouver son calme. Les groupes de bandits, se disputant la notoriété des lieux, ont imposé leur diktat, soumettant les populations à vivre sous leur couvre-feu dès le crépuscule. Aucun des habitants ne s'aventure à sortir de chez lui la nuit, ni encore moins à l'aube pour se rendre à son lieu de travail. Les chauffeurs des bus fuient le «choc» dès que les petits cris des altercations se font entendre. Les chauffeurs de taxis ne s'aventurent que rarement en déposant leurs clients avant de quitter presto le quartier de toutes les turpitudes. Sidi El Bachir sombre sous une violence inouïe, jamais connue auparavant. C'est dans le but de «nettoyer» ce quartier géant populaire que la Gendarmerie nationale a rassemblé ses effectifs avant de se lancer dans une grande chasse à l'homme en traquant, dans la nuit de samedi à dimanche, les foyers et les lieux de repli abritant les membres des bandes criminelles des Sanafir et de Daesh. Plus de 2000 gendarmes, répartis en 10 unités, ont été mobilisés et dépêchés sur les lieux, à Sidi El Bachir. Leur action est totalement identique à celles menées dans le passé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. De prime abord, les gendarmes ont bouclé toutes les issues avant que le reste des éléments ne s'adonne, corps et âme, à sa besogne. Les femmes, larmes aux yeux, revendiquent leur droit à la sécurité, celle de leurs enfants et la sécurisation de leurs biens. Elles ont fini par céder à leur émotion en accueillant les renforts de la Gendarmerie nationale par des youyous qu'elles lançaient à gorge déployée à partir de leurs domiciles. Cette offensive des hommes en tenue verte a été concluante. Dès les premiers assauts opérés, l'offensive a abouti à l'arrestation du chef de gang de Daesh, Ould Amria. Cet énergumène, qui n'a pas trop résisté à son arrestation, est très connu à Oran vu sa violence et son caractère impitoyable dignes de ceux des terroristes sanguinaires de la tragédie nationale des années 1990. Ould Amria a, à son actif, plusieurs affaires liées à la criminalité pour lesquelles il est recherché. Idem pour plusieurs des membres de son groupe, composé essentiellement de malfrats récidivistes, drogués et de pyromanes. Le groupe Daesh excelle dans les saccages et la mise à feu des foyers des voyous ne lui affichant pas leur allégeance. Idem pour Chekchaka Larbi de la bande des Sanafir. Son arrestation a été opérée sans fracas. Larbi Chekchaka, tel que décrit par plusieurs habitants de Sidi El Bachir, est à la tête d'un réseau de malfrats composé d'une centaine d'hommes, tous des récidivistes connus pour leur cruauté. Tout comme Ould Amria, Larbi Chekchaka sera, sans aucun doute, poursuivi pour constitution de bande de malfaiteurs et extorsion de fonds des démunis occupant les bidonvilles de Sidi El Bachir. «Il (Larbi Chekchaka) se faisait passer pour président d'une association en nous demandant des sommes d'argent et en nous promettant de prendre en charge nos problèmes dont notre relogement», dira un occupant d'un taudis situé dans le lieudit Château. «Rien de cela n'a été fait, hormis nous racketter», a-t-il expliqué. Se confiant aux gendarmes et aux journalistes présents en force dans l'opération coup de poing, hommes, femmes, vieux, jeunes et moins jeunes, se mettent à narrer leur calvaire tout en décrivant les scènes de violence auxquelles ils ont droit chaque nuit. La sortie, motivée par des actes de vandalismes perpétrés jeudi dernier, s'est achevée tard dans la nuit de samedi à dimanche. Son butin s'est résumé à la décapitation des têtes des deux gans rivaux en procédant à l'arrestation de leurs chefs, Ould Amria et Larbi Chekchaka ainsi que plusieurs membres de leurs gangs. La même opération s'est soldée par la saisie des armes blanches, boucliers, cocktails Molotov et autres objets.