En décembre 2012, alors qu'il était toujours en conflit avec les autres chefs d'Aqmi, il crée son propre mouvement, «Les Signataires par le sang». Mokhtar Belmokhtar alias Belaouer (le Borgne) ou Khaled Abou al-Abbas, terroriste et contrebandier né le 1er juin 1972 à Ghardaïa, s'est depuis son jeune âge replié sur lui-même. Des sources confient que MBM, s'est toujours distingué par une personnalité agressive. Ce futur disciple de l'AIS qui perdra son oeil dans des combats en Afghanistan était plutôt mystérieux. Il est connu surtout pour ses activités de contrebandier, trafic de drogue, trafic d'armes, émigration clandestine, contrebande de cigarettes, véhicules et même d'objets d'art. Il devient très puissant grâce à des liens qu'il a tissé avec les Touareg du Mali et du Niger, en épousant leurs filles. Le tristement célèbre brigand du désert sera, après son retour d'Afghanistan, intéressé par le GIA, pour finir au sein du Gspc. De graves différends l'opposent à Hassen Hattab à cause du butin qu'il refusait de partager. Il fut le rival d'Abderrezak El Para, qui secondait Hassan Hattab. Nos sources rapportent que durant les années 2000, avant l'arrestation d'El Para, MBM avait tué plusieurs acolytes de son rival pour le dissuader de renoncer au trafic de cigarettes. Nos sources reconnaissent que MBM est un véritable expert du Sahara. Il pouvait se déplacer sans aucune difficulté. C'est un témoin qui a requis l'anonymat qui nous confie: «Mon véhicule, un tout-terrain a été confisqué par ce brigand, il m'a retenu quelque temps pour me signifier que je pouvais déposer plainte et donner son identité, il m'a relâché aussitôt.» Notre témoin refuse d'indiquer le lieu de cette aventure d'où il avait cru ne plus revenir vivant parmi les siens. Sans peine, MBM arrivait à reconstituer à chaque fois des milices pour ses différentes activités. Il a été le premier chef d'Al Qaîda au Maghreb islamique et a réussi à répandre cette organisation terroriste au Sahel, notamment au Mali, ce qui paraissait un succès pour les autres chefs terroristes, à l'image de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abd el Ouadoud. En voulant le faire remplacer, ce dernier sera vite contrarié. MBM devient, de fait, son pire ennemi. En décembre 2012, alors qu'il était toujours en conflit avec les autres chefs d'Aqmi, il crée son propre mouvement, «Les Signataires par le sang». La première action avec cette organisation a été un échec total. Il s'agit de la prise d'otages de In Amenas. Une quarantaine de ses disciples avaient été choisis pour accomplir ce forfait. Néanmoins, tout le groupe sera neutralisé par une unité de l'ANP qui a donné un assaut spectaculaire contre la plus grande prise d'otages de l'histoire. Trois d'entre les assaillants seront pris vivants. MBM avait compris qu'il ne réussira pas des coups médiatiques dans le sud de l'Algérie. Il rejoint ensuite le Niger où il sera à l'origine de plusieurs attentas criminels, causant la mort de centaines de personnes. Une façon pour lui d'effacer son échec en Algérie et venger ses acolytes. Très actif dans la contrebande et pour une question de contrôle du Grand Sahel, il fusionne avec le Mujao pour former une énième organisation El Mourabitoune. Pourchassé par l'armée française, il émigre au Mali, là où il a encore une fois tissé des liens importants avec les groupes terroristes et les réseaux de la contrebande. Il devient vite incontournable, au point qu'il est écouté par tous, révèlent nos sources. MBM refuse de reconnaître l'organisation terroriste née en Irak et qui active aussi en Syrie, Daesh. Il reste fidèle à Al Qaîda et renouvelle son serment pour Ayman Al Zawahiri. Recherché depuis plusieurs années, il fait partie, depuis 2003, de la liste des organisations et des personnes considérées par l'ONU comme proches d'Al-Qaîda ou des taliban, liste instituée dans le cadre de la résolution 1267 de 1999 visant à lutter contre le terrorisme. Il sera porté aussi sur la liste noire des Américains et sa tête a été mise à prix. Nos sources confient que les négociations ayant été entamées par le biais de sa famille pour sa reddition, ne pouvaient pas aboutir à cause des conditions exigées par MBM qui réclamait pour lui et ses disciples de nouvelles identités, des passeports et une protection, à défaut d'être expédiés sous d'autres cieux.