La diplomatie française s'invite au contentieux israélo-palestinien Le premier objectif est de pousser pour une reprise des négociations, et «on en est loin aujourd'hui», concède un diplomate français en déplorant une «inertie mortifère». Laurent Fabius sera ce week-end au Proche-Orient pour promouvoir une initiative française de relance d'un processus de paix israélo-palestinien moribond face à des interlocuteurs réticents, voire hostiles, et tenter de les convaincre de l'urgence de négocier dans un contexte régional menaçant. Reprendre les négociations israélo-palestiniennes interrompues depuis plus d'un an sous une égide internationale et dans un calendrier précis: telle est l'ossature du projet qu'entend défendre le chef de la diplomatie française lors de son quatrième voyage dans la région depuis 2012. Pour autant, Paris ne se berce pas d'illusions sur les résultats de cette tournée aujourd'hui et demain en Egypte, Jordanie, Territoires palestiniens et Israël. «Personne ne peut dire s'il y aura un résultat positif», a prévenu récemment M.Fabius devant l'Assemblée nationale, en martelant la nécessité d'agir «face à un drame qui peut déboucher chaque jour sur un embrasement». Le premier objectif est de pousser pour une reprise des négociations, et «on en est loin aujourd'hui», concède un diplomate français en déplorant une «inertie mortifère». Le contexte n'est pas favorable: le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dirige depuis mai un des gouvernements les plus à droite de l'histoire du pays, avec une coalition fragile. La colonisation, considérée comme le principal obstacle à la solution des deux Etats, se poursuit sans relâche. Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas, affaibli, fait face à une profonde crise politique et n'a pu mener à bien la réconciliation entre le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie, et le Hamas, qui dirige la bande de Ghaza. Ce territoire, ravagé par une énième agression israélienne durant l'été 2014, reste un chaudron. Enfin, les préoccupations internationales sont davantage tournées vers l'Irak et la Syrie, où le groupe jihadiste Etat islamique est considéré comme la menace mondiale numéro 1. Pour Paris, «on ne peut plus isoler le conflit israélo-palestinien de son contexte international et régional. Daesh (Etat islamique) pourrait aujourd'hui s'intéresser au conflit israélo-palestinien et ce serait un risque majeur d'explosion régionale», selon le diplomate français qui s'inquiète de la montée des groupes salafistes concurrençant le Hamas dans la bande de Ghaza. L'activisme de la France sur la question israélo-palestinienne, qui relève traditionnellement du pré-carré américain, s'est réveillé après l'échec d'une médiation du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, au printemps 2014. «La méthode du face à face entre les Israéliens et les Palestiniens sous égide américaine a échoué. Il faut un accompagnement international accru, il faut sortir du tête à tête entre les deux parties», explique-t-on à Paris. Mais une résolution palestinienne présentée au Conseil de sécurité de l'ONU, soutenue par la France, et qui prévoyait un accord de paix dans les douze mois ainsi que le retrait israélien des territoires occupés avant fin 2017, a échoué fin décembre. Depuis, Paris a repris des consultations à l'ONU pour pousser une nouvelle résolution prévoyant une reprise des négociations sur la base des paramètres permettant la solution des deux Etats, un accompagnement international (Ligue arabe, Union européenne, membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu) et un calendrier encadrant le processus. Ce projet nécessite cependant l'aval des Etats-Unis. Paris veut croire que les récentes déclarations américaines assurant que Washington pourrait réévaluer sa position de soutien indéfectible vis-à-vis d'Israël à l'ONU, «est une ouverture inédite qu'il faut exploiter». «Ca ne sert à rien de déposer une résolution si c'est pour avoir un veto de tel ou tel», a cependant reconnu M.Fabius.