La réunion d'aujourd'hui au cours de laquelle le Conseil de sécurité de l'ONU examinera un projet de texte de résolution en lien avec le conflit israélo-palestinien a été précédée d'intenses tractations sur le contenu du texte. Ses membres ont été en effet saisis de deux projets de texte, l'un à l'initiative de la Jordanie au nom des Palestiniens réclamant le retrait israélien de la totalité des territoires occupés d'ici à novembre 2016, l'autre émanant de la France se limitant à demander la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes gelées depuis le printemps dernier. Si c'est le projet jordano-palestinien qu'auront à débattre les membres du Conseil de sécurité, la probabilité est quasi certaine que les Etats-Unis y mettront leur veto. Ils feront d'ailleurs de même pour un texte parrainé par la France, car ils sont absolument contre toute initiative sur le conflit israélo-palestinien venant de l'ONU ou de son Conseil de sécurité. Washington s'en tient en effet à se vouloir le seul intervenant international entre les deux parties même si les médiations américaines se sont toutes soldées par l'échec. C'est pour dissuader de présenter leurs projets et les Palestiniens et Paris qui pour une fois émet de sérieux doutes sur la seule médiation américaine que John Kerry a tenu, la veille de la réunion du Conseil de sécurité, à s'entretenir avec le négociateur en chef palestinien et son homologue français Laurent Fabius. Il a probablement tenté de convaincre la partie palestinienne de renoncer à aller devant le Conseil de sécurité en exerçant sur elle les traditionnelles menaces et pressions américaines. A Laurent Fabius, il aura servi le refrain de la solidarité occidentale et les prétendues menaces qu'une résolution du Conseil de sécurité aurait sur la sécurité de l'Etat sioniste voire sur son existence même. Ce même argument Benyamin Netanyahu ne s'est pas fait faute de l'assener en déclarant que la démarche consistant à saisir le Conseil de sécurité vise à imposer à Israël par des décisions de l'ONU un retrait aux lignes de 1967 qui amènera «les islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel-Aviv et au cœur de Jérusalem». Seuls les Etats-Unis feignent de prêter une réalité à la fiction que le retrait israélien demandé par les Palestiniens se conclurait par la réalisation de la prédiction de Netanyahu. Ils s'opposeront par conséquent à nouveau au vote d'une résolution du Conseil de sécurité mais cette fois en étant les seuls à s'y opposer par le veto car la France et la Grande-Bretagne qui ont pour habitude de les suivre s'agissant du conflit israélo-palestinien s'en démarqueront probablement en s'abstenant de faire de même. En tout cas et sur le dossier palestinien, l'Amérique ne pourra plus prétendre parler et agir au nom de la communauté internationale. Les Européens qu'elle a constamment «travaillés» pour qu'ils n'expriment pas d'opinions divergentes avec les siennes sur le conflit israélo-palestinien font depuis la barbare agression militaire israélienne de l'été dernier dans la liberté d'expression contradictoire même s'ils hésitent à la traduire en opposition à sa politique palestinienne. Que Washington et Tel-Aviv l'admettent ou non, les lignes bougent et à leur détriment sur la scène internationale s'agissant du conflit israélo-palestinien. Il n'y a que les impayables Etats arabes à ne pas faire ce constat ou à refuser de le faire par peur de perdre la protection des deux puissances sous laquelle ils se sont placés en abdiquant toute solidarité avec la Palestine.