L'auteur de l'attaque, marié et père de trois enfants, était sous surveillance par les services de renseignement français, jusqu'en 2008. Une usine du groupe américain Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, située dans l'Isère, près de Lyon, a été la cible d'une attaque hier matin. Aucune image n'a été diffusée des lieux de l'attentat. Les chaînes de télévision française qui couvraient l'événement devaient se contenter d'images du site prises sur Google Maps et les déclarations des officiels français, à l'image du ministre de l'Intérieur et du président de la République. Les médias de l'Hexagone, qui ne semblaient pas gênés outre mesure, étaient totalement contrôlés par la communication présidentielle. De fait, c'est la même information qui est véhiculée par tous les canaux médiatiques. Ces derniers indiquent que l'attentat a été perpétré à 8 heures du matin, sans autre précision sur les circonstances même de cette attaque. On parle d'une explosion seulement. L'on a tout de même appris que l'auteur de cette attaque, identifié comme Yassine Salhi, a tué puis décapité un chef d'entreprise lyonnais et accroché sa tête sur le grillage de l'entreprise, cible de l'attentat, à côté d'un bout de tissu blanc sur lequel il est écrit en arabe la même expression qu'on retrouve sur les drapeaux de Daesh. Le lien est vite fait et les services de sécurité qui ont appréhendé le suspect, en plus de la femme de ce dernier et un individu qui rôdait aux alentours de l'usine, privilégient la piste terroriste. Pour preuve, Yassine, marié et père de trois enfants, était sous surveillance par les services de renseignement français pour une suspicion de radicalisme, jusqu'en 2008. Les policiers n'avaient rien trouvé à l'époque, et sept années plus tard, l'islamiste a mué en terroriste sanguinaire. Il se trouve présentement en détention à Paris pour subir un interrogatoire qui devra déterminer si Salhi a agi en solitaire ou fait partie d'un réseau terroriste. Cet attentat, visiblement manqué, parce que le terroriste n'a pas provoqué de gros dégâts matériels, intervient six mois après l'attaque de Charlie Hebdo, réveille le sentiment de peur dans un pays déjà hyper-surveillé par un dispositif «Vigipirate» à son niveau le plus élevé. Le président François Hollande, qui a écourté une visite à Bruxelles, en raison de cet attentat, a réuni un conseil de défense et pris la tête de la communication institutionnelle sur le sujet. C'est donc le président lui-même qui a donné les premières informations sur l'attaque et l'identité du présumé auteur. Jusqu'en fin d'après-midi d'hier, les officiels français multipliaient les déclarations au point où l'on a l'impression qu'il y a une réelle volonté d'imposer une seule version des faits. Les médias français, qui semblaient jouer le jeu, se contentaient des informations distillées par l'Elysée. La seule «fausse note» dans le déferlement médiatique autour de cet attentat aura été le fait de la radio Europe 1 qui a interviewé l'épouse de Yassine Salhi. Juste avant son interpellation, elle a fait une déclaration à cette radio: «On est des musulmans normaux, on fait le Ramadhan. Normal. On a trois enfants, une vie de famille normale», avait-elle affirmé. L'on a appris par ailleurs que l'auteur présumé travaillait pour le chef d'entreprise retrouvé décapité. Ce qui accrédite la thèse de la vengeance, sans aucun rapport avec un quelconque mobile politique ou religieux. Mais sans attendre le fin mot de l'histoire, le Premier ministre, Manuel Valls a déclaré: «Le terrorisme islamiste a frappé une nouvelle fois la France.» Valls a écourté un voyage en Amérique latine.