L'Aiea sera un des acteurs-clés en cas d'un accord, qui placerait le programme nucléaire iranien sous étroit contrôle international, en échange d'une levée des sanctions. Chassés-croisés de ministres à Vienne, départ du patron de l'Agence internationale de l'Energie atomique à Téhéran: les tractations internationales autour du nucléaire iranien s'intensifient, alors que les négociateurs se sont donné jusqu'au 7 juillet pour arracher un accord. Yukiya Amano, le chef de l'Aiea, l'agence de l'ONU appelée à jouer un rôle majeur en cas d'accord entre l'Iran et les grandes puissances, est parti hier pour rencontrer les autorités iraniennes au plus haut niveau. Laurent Fabius et Wang Yi, les chefs de la diplomatie française et chinoise sont attendus, ensemble, aujourd'hui. Tout comme la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui chapeaute les négociations. Ces dernières achoppent toujours sur des points cruciaux, et le voyage de M. Amano à Téhéran vise à «accélérer la résolution des questions toujours en suspens concernant le programme nucléaire iranien», a indiqué l'Aiea hier. Le diplomate japonais, qui a été étroitement impliqué dans les négociations de Vienne ces derniers jours, rencontrera le président Hassan Rohani et d'autres hauts responsables iraniens. L'agence onusienne sera en effet un des acteurs clés en cas d'un accord, qui placerait le programme nucléaire iranien sous étroit contrôle international, en échange d'une levée des sanctions. L'Aiea, qui déploie en moyenne quatre à dix inspecteurs quotidiennement en Iran, a certes déjà accès aux sites nucléaires. Mais la communauté internationale veut pouvoir renforcer et élargir le périmètre de ses inspections. M. Amano discutera aussi de la PMD (possible dimension militaire) du programme nucléaire iranien, a précisé de son côté l'agence iranienne Isna. L'Aiea soupçonne Téhéran d'avoir mené des recherches au moins jusqu'en 2003 pour se doter de la bombe atomique -ce que dément l'Iran- et cherche à avoir accès aux scientifiques impliqués, ainsi qu'aux documents et sites qui pourraient avoir abrité ces recherches. Des demandes qui se sont heurtées au non catégorique du Guide suprême Ali Khamenei, mais l'Iran «proposera des solutions pour résoudre les différends», a ajouté Isna, citant une source proche des négociations. Les pays du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne), sont engagés depuis 20 mois dans d'intenses tractations pour arracher un compromis historique sur ce contentieux vieux de plus de 10 ans. L'accord, «à portée de main» selon le Russe Sergueï Lavrov, reste encore introuvable en raison du côté extrêmement technique et complexe du dossier, mais aussi du fait de ses potentielles répercussions internationales. Il pourrait consacrer un rapprochement entre les ennemis de 35 ans USA et Iran, et marquer le retour de la République islamique chiite sur les scènes régionale et internationale, à la grande inquiétude des régimes monarchiques du Golfe et d'Israël. Le président américain Barack Obama, qui a érigé ce dossier en priorité de son action, a toutefois prévenu mardi soir qu'il refuserait «un mauvais accord». «J'ai dit depuis le début que je quitterais la table des négociations s'il s'agissait d'un mauvais accord», a-t-il déclaré. «Un climat positif existe dans les négociations et tous veulent faire avancer les choses mais cela ne signifie pas que les délégations, y compris nous-mêmes, sommes prêts à un accord à n'importe quel prix», a répondu jeudi en écho l'un des principaux négociateurs iraniens Abbas Arahgchi. Outre l'inspection des sites suspects iraniens, d'autres questions clés restent à régler, comme la durée d'un accord. La communauté internationale veut brider le programme nucléaire iranien pendant au moins dix ans, mais l'ayatollah Khamenei s'est élevé la semaine dernière contre une limitation trop longue dans le temps des capacités iraniennes. La levée des sanctions constitue aussi un noeud de première importance, Téhéran souhaitant des mesures immédiates, quand le P5+1 veut une levée progressive et sous condition de ces sanctions.