Certains experts évoquent un baril à 60 dollars. Pour la première fois, le baril de pétrole de référence pour livraison en novembre a atteint, hier, la barre des 55 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Après un léger repli des cours de pétrole, les prix ont rapidement repris leur progression après la publication des données hebdomadaires sur le niveau des stocks américains. Cette nouvelle flambée donne de la contenance aux déclarations de certains experts qui ont évoqué un baril à 60 dollars. Cette hausse des cours est également en fonction de la situation au Nigeria, premier producteur africain avec plus de 2 millions de barils/jour, où les tensions marquées par la menace de grève générale observée ces derniers jours a affecté la production pétrolière de ce pays. Le mouvement social en Norvège, les risques de banqueroute qui pèsent sur la compagnie pétrolière russe «Ioukos» et la détérioration continue de la situation en Irak, sont autant de facteurs à l'origine de la forte progression des prix de l'or noir. Cela, en plus d'une baisse de production de brut dans le Golfe du Mexique et les côtes sud-est des Etats-Unis, sévèrement frappés par le cyclone Ivan qui a ravagé la région à la mi-septembre 2004. Ces cyclones ont provoqué des pertes sèches évaluées à 19 millions de barils/jour de manque à gagner en production. Ce déficit pourrait même atteindre les 30 millions de barils d'ici la fin de l'année. En sus, les chiffres sur le niveau des stocks américains ont, contre toute attente, nourri l'inquiétude des marchés. Effectivement, les données hebdomadaires sur le niveau des stocks énergétiques américains montrent un recul important, à savoir 2,5 millions de barils des produits distillés alors que les prévisions tablaient sur un recul de 1,1 million de barils. En effet, le recul en question forcera décidément les raffineries de pétrole à accroître leur demande en pétrole et ce, afin de répondre à la demande croissante en fioul de chauffage. Cette demande atteindra, d'ici la fin de l'année, selon l'Agence internationale de l'énergie, 82,4 millions de barils, soit une augmentation de 160.000 barils. Les prévisions établies pour l'année en cours montrent que les cours demeureront à un niveau élevé, ce qui fait craindre un effet négatif sur le niveau de la croissance mondiale. Par ailleurs, la stabilité des cours, estiment certains analystes, est liée aux facteurs géopolitiques, notamment la situation en Irak, un pays qui produit actuellement 2,3 millions de barils/jour. L'Algérie, l'un des pays bénéficiaires de la flambée des cours de brut, est sommée d'accélérer la cadence afin de parachever toutes les réformes envisagées. Car, estime M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, une éventuelle chute des cours aura de lourdes conséquences sur l'économie nationale et pourrait même mettre à l'arrêt plusieurs chantiers.