Les prix du pétrole sont repassés au-dessus de la barre des 130 dollars hier sur les marchés asiatiques après un plongeon continu qui avait commencé il y a trois jours. A la mi-journée à Singapour, le light crude et le sweet crude pour août avaient repris 1,10 dollar à 130,30 dollars le baril lors des cotations électroniques sur le marché des matières premières de New York.Mardi, le prix du brut avait connu sa plus forte baisse depuis 17 ans en chutant de 6,44 dollars, ou 4,4%, pour s'arrêter à 138,74 dollars à la clôture du marché des matières premières à New York (Nymex). En cours de séance, les prix avaient chuté de plus de 10 dollars par rapport à la valeur la plus élevée de la journée. Jeudi, les prix du pétrole ont poursuivi leur plongeon à New York, totalisant une chute de plus de 15 dollars le baril en trois jours, confirmant ainsi le repli provoqué par les inquiétudes pour la demande américaine et par les signes d'apaisement relatif des tensions entre l'Iran et l'Occident. A l'heure de la clôture du New York Mercantile Exchange, (Nymex), le contrat août sur le brut léger américain perdait 5,01dollars, soit 3,72%, à 129,59 dollars le baril et le Brent cédait 4,42 dollars (-3,25%) à 131,39 dollars. Le brut léger a chuté de 12%, par rapport à son record historique de 147,27 dollars, qui ne remonte pourtant qu'à vendredi dernier. Le marché pétrolier a ainsi subi en pourcentage son recul le plus marqué sur trois séances depuis décembre 2004. En trois jours, le plongeon a atteint 15,89 dollars à New York, et 12,85 dollars à Londres. Ces derniers jours, les récents signes d'apaisement sur le dossier du nucléaire iranien et la hausse des stocks hebdomadaires américains ont entraîné une baisse significative du prix du baril. Alors que les investisseurs guettaient tout signe d'une baisse de la demande aux Etats-Unis, les stocks de brut, publiés mercredi, y ont augmenté de 3,0 millions de barils la semaine dernière. Les analystes tablaient a contrario sur une diminution. Les statistiques du département américain à l'Energie ont également fait état d'une hausse plus importante que prévu des stocks d'essence et de produits distillés et d'une baisse de la consommation sur les quatre dernières semaines, par rapport à l'an dernier. C'est surtout la demande d'essence, particulièrement surveillée lors de la période estivale, qui en faiblissant de 2,1% a motivé les opérateurs. Côté offre, l'augmentation des stocks de brut, due notamment en grande partie à une progression des importations, a rassuré le marché sur l'état des approvisionnements. "La reconstitution de l'offre de l'Opep pourrait enfin être mise en évidence par les statistiques, ce qui serait favorable à un repli de plus grande ampleur", a relevé Antoine Halff, de Newedge Group. Autre facteur de baisse des cours. Les récents signes d'apaisement sur le dossier du nucléaire iranien, qui réduisent la "prime géopolitique" accordée par le marché au baril. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l'envoi d'un émissaire ce week-end à Genève pour participer, pour la première fois, à des discussions directes avec l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères a jugé jeudi "positif" ce changement d'attitude de Washington. En dépit de ce repli, le baril affiche encore une hausse d'environ 30% depuis le début de l'année et son prix représente plus de six fois son niveau de 2002. Pour les professionnels du marché pétrolier, la baisse de cette semaine s'explique en premier lieu par les craintes de voir les turbulences financières et le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis se traduire par un recul de la demande de carburants de la première économie mondiale.