La trêve visant à permettre l'acheminement d'une aide humanitaire aux milliers de personnes en détresse au Yémen a déjà été violée à plusieurs reprises hier, quelques heures seulement après son entrée en vigueur. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait exhorté vendredi tous les belligérants à respecter cette pause humanitaire, censée durer de vendredi 23H59 locales (20H59 GMT) à la fin du ramadhan. Mais hier matin, le pays a été de nouveau le théâtre de violents combats et de raids aériens de la coalition menée par Riyadh contre les rebelles Houthis. Des avions de la coalition ont visé des positions rebelles dans la ville de Taëz (centre), où faisaient rage des affrontements entre ces insurgés et les combattants fidèles au président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, ont rapporté des témoins. Les Houthis ont bombardé plusieurs quartiers de Taëz, selon les mêmes sources. L'agence de presse officielle du Yémen, contrôlée par le gouvernement en exil, a accusé les Houthis et les troupes loyales à l'ancien président Ali Abdallah Saleh d'avoir envoyé des renforts à Taëz avant la trêve. Dans le sud du pays, la coalition a frappé des positions rebelles à Aden et dans la province voisine de Lahj, d'après des témoins. Ces raids aériens sont intervenus après que les rebelles eurent bombardé plusieurs quartiers d'Aden, a indiqué un porte-parole des combattants pro-Hadi, Abdallah al-Dayani. Peu avant le début annoncé de la trêve de six jours, le chef des rebelles Abdel Malek al-Houthi avait fait savoir qu'il nourrissait «peu d'espoir» quant à son «succès», ajoutant qu'il dépendait «de l'engagement du régime saoudien et (...) d'un arrêt total de (son) agression». Partis de leur fief de Sadaa, dans le nord du pays, les Houthis se sont emparés de la capitale yéménite Sanaa en septembre, puis sont descendus vers le sud du pays, poussant à l'exil le président Hadi - qui a trouvé refuge en Arabie saoudite - et déclenchant le 26 mars une campagne de raids menée par Riyadh. La coalition menée par l'Arabie saoudite n'avait fait aucun commentaire sur cette trêve décrétée par l'ONU, mais un responsable saoudien, sous couvert de l'anonymat, avait jugé cette pause «inutile». Les 15 pays membres du Conseil de sécurité avaient demandé vendredi aux belligérants de «suspendre leurs opérations militaires pendant la pause» et «de faire preuve de retenue au cas où des incidents isolés viendraient rompre cette trêve, et d'éviter toute escalade». Il les avait aussi exhortés à «faciliter la livraison urgente d'aide humanitaire dans tout le Yémen».