img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P150720-19.jpg" alt="Le gouvernement "interrompt" le dialogue avec l'opposition" / Les pourparlers avaient été ajournés samedi en fin d'après-midi après des échanges houleux, le pouvoir accusant les adversaires du président Pierre Nkurunziza d'être «tous des putschistes». Le gouvernement burundais a «interrompu» dimanche le dialogue mené avec l'opposition et la société civile pour tenter de sortir le Burundi de la grave crise qu'il traverse et s'est retiré des discussions, au point mort à deux jours d'une présidentielle controversée. En début d'après midi hier, avec plus de quatre heures de retard sur l'horaire, les discussions ont repris sans aucun représentant du camp présidentiel (gouvernement, parti CNDD-FDD au pouvoir et alliés), autour du médiateur ougandais, le ministre de la Défense Crispus Kiyonga, à qui le président Yoweri Museveni, mandaté par les pays de la Communauté est-africaine (EAC), a passé le relais jeudi. Les pourparlers avaient été ajournés samedi en fin d'après-midi après des échanges houleux, le pouvoir accusant les adversaires du président Pierre Nkurunziza d'être «tous des putschistes». Ceux-ci avaient reproché en retour au camp présidentiel de vouloir gagner du temps, pour ne pas aborder avant le scrutin demain la question du report de la présidentielle. «Nous avons demandé au facilitateur une interruption du dialogue», a expliqué le ministre burundais de l'Intérieur Edouard Nduwimana à la télévision nationale dans la nuit de samedi à dimanche, «nous allons mettre à profit cette interruption (...) pour déterminer si nous continuons ce dialogue parce qu'il a été prouvé que pendant que nous étions en train de dialoguer, d'autres étaient en train de préparer autre chose». Le gouvernement met en avant un texte, signé notamment par plusieurs représentants de l'opposition aux négociations, appelant à la création d'une coalition de tous les opposants - de l'intérieur et en exil - au troisième mandat que M. Nkurunziza entend briguer à la présidentielle du 21 juillet. Les adversaires de M. Nkurunziza estiment que cette candidature viole la Constitution et l'Accord d'Arusha, dont la signature en 2000 a permis la fin de la guerre civile entre l'armée - alors dominée par la minorité tutsi - et des rébellions hutu, qui fit 300 000 morts entre 1993 et 2006. La candidature de M. Nkurunziza a plongé depuis fin avril le Burundi, petit pays d'Afrique des Grands Lacs à l'histoire post-coloniale jalonnée de coup d'Etat, de massacres entre Hutu et Tutsi et qui peine à se remettre de la guerre civile, dans une grave crise politique émaillée de violences qui ont fait plus de 80 morts. Le gouvernement a déjoué à la mi-mai une tentative de coup d'Etat militaire et finalement étouffé à la mi-juin un mois et demi de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura par une brutale répression. Mais il a essuyé depuis une série d'attaques à la grenade et est confronté, depuis une semaine, à des combats et escarmouches entre armée et rebelles au nord du pays, dans la zone frontalière avec le Rwanda. Selon des participants aux discussions, les représentants du gouvernement ont affirmé samedi que la déclaration de l'opposition - que les autorités affirment avoir découvert samedi bien qu'il ait été largement diffusé depuis plusieurs jours - était une «continuation du putsch». A la télévision hier, M.Nduwimana a expliqué que ses signataires «annoncent qu'ils vont prendre en main toutes les questions qui concernent le Burundi et faire respecter la loi», une référence à une phrase du texte indiquant que le futur Conseil «saura pleinement jouer le rôle qui lui incombe comme garant de la légalité et des institutions du Burundi». «Le processus est au point mort», a expliqué un cadre de l'EAC, en se disant inquiet: «la situation sécuritaire peut dégénérer à tout moment». Innocent Muhozi, représentant de la société civile, s'est dit «pas étonné» de l'attitude du gouvernement: «Ils cherchent depuis le début le fait accompli électoral, tout en faisant semblant de négocier (...) les masques sont tombés».