Les réunions préparatoires se poursuivent pour la réussite de la conférence L'Algérie plaidera, lors de la prochaine conférence de Paris sur le climat (COP 21), pour un accord «juste et équilibré» qui tiendra compte de la responsabilité historique des pays industriels dans le réchauffement climatique. «La position algérienne est très claire: ce sont les pays qui ont développé leur industrie durant les deux derniers siècles qui sont historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre (GES)», explique le directeur chargé du dossier des changements climatiques auprès du ministère des Ressources en eau et de l'Environnement, Samir Grimes. Toutefois, cette position ne signifie pas que l'Algérie se désengage par rapport à la communauté internationale: «Nous allons apporter notre contribution à l'effort international mais dans la mesure de notre responsabilité quasiment nulle en terme d'émission de GES comparativement aux pays ayant un vaste réseau d'infrastructures industrielles générateur de cette pollution atmosphérique». La 21è Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris, est sensée aboutir à un premier accord universel, juridiquement contraignant, permettant de lutter contre le réchauffement climatique et d'accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone. Un avant-projet de texte de négociation pour la conférence de Paris devrait être prêt d'ici fin octobre, selon la feuille de route présentée à l'issue de la dernière assemblée plénière de la CCNUCC, réunie du 1er au 11 juin dernier à Bonn (Allemagne). Cependant, cette session de négociation de Bonn, coprésidée par l'Algérien Ahmed Djoghlaf et l'Américain Daniel Reifsnyder, s'est achevée sans trancher sur la question de la différenciation des Etats. «Le futur accord de Paris doit être équilibré et juste en tenant compte non seulement des responsabilités historiques des uns et des autres mais aussi des capacités des pays à lutter contre ces changements climatiques», soutient M. Grimes. Selon lui, l'Algérie est un pays doublement vulnérable aux changements climatiques: elle subit, d'une part, les conséquences désastreuses des changements climatiques sur la région (désertification, élévation du niveau de la mer, augmentation de la température...), et reste, d'une autre part, dépendante des hydrocarbures pour son développement. «Pour lutter contre les changements climatiques, nous devrons bénéficier de la part des pays responsables des émissions de GES des moyens de mise en oeuvre, notamment en matière d'appui financier et de facilitation d'accès aux Green climate fund (mécanisme financier de l'Organisation des Nations unies)», préconise le même responsable. La lutte contre le dérèglement climatique doit reposer, selon la vision algérienne, sur le renforcement des capacités humaines ainsi qu'un vrai transfert du savoir-faire au lieu de vendre aux pays en développement des technologies prêtes à l'emploi, explique-t-on. Rappelant que l'Algérie a adhéré à cette démarche de façon volontaire en introduisant un certain nombre de mesures touchant plusieurs secteurs (transport, habitat, énergie, agriculture et forêts), M.Grimes observe que les ressources algériennes sont destinées principalement au développement du pays, ce qui impose le recours à un appui et à un accompagnement internationaux. L'Algérie, qui tente à peser sur la position des pays industriels, multiplie les efforts de coordination avec les pays qui partagent la même vision, notamment ceux qui se trouvent dans des régions vulnérables, dépendantes des hydrocarbures ou dotées de moyens limités. D'ailleurs, Alger a abrité, en mai 2013, une conférence du G77+Chine sur les changements climatiques. «Les efforts de l'Algérie au sein des groupes arabe et africain interviennent dans un contexte d'alliance naturelle. Nous nous retrouvons dans le même bloc parce que nous avons des intérêts communs», note-t-il. Quant à la capacité des Etats à trouver un terrain d'entente pour aboutir à un accord universel contraignant, M.Grimes se dit optimiste même si les positions des uns et des autres sont «suffisamment hermétiques», en considérant que la tâche sera «très difficile» vu les énormes enjeux financiers de la question des changements climatiques. «Cela va être très dur. Les pays ont des positions très éloignées sur la coopération. Les parties veulent toutes un accord mais elles divergent sur la forme et la portée», note-t-il. Si pour les pays en voie de développement, le «deal» climatique se pose sous l'angle du partage équitable de l'espace de développement, il est perçu par les pays développés comme un problème technico-économique qui peut être résolu en recourant aux marchés et aux financements, explicite M.Grimes. En somme, poursuit-il, la lutte contre les changements climatiques n'est plus vue comme un enjeu environnemental, mais aussi de compétitivité technologique: les pays cherchent d'abord à protéger leurs intérêts.