Malgré les moyens financiers et matériels qui ont été déployés, il n'en demeure pas moins que nos hôpitaux sont loin d'assurer une prestation de service adéquate. C'est scandaleux. C'est désastreux. C'est infect. L'horreur. Les mots ne suffisent pas pour décrire l'état de nos établissements hospitaliers. Ces derniers sont tout sauf un lieu de rétablissement pour les patients. Le reportage diffusé par la télévision publique Entv avant-hier démontre la triste réalité de nos hôpitaux. Les images insoutenables du service maternité du CHU de Constantine ont choqué plus d'un. Des femmes qui accouchent, se partagent les lits à deux et parfois à trois. Les nouveau-nés s'entassent à quatre dans un lit. Des nuées de cafards courent sur les murs. Des vers sur les tables d'accouchement. Du sang sur le carrelage. Des moyens insuffisants avec un personnel médical dépassé. La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux provoquant colère et indignation. «C'est absolument honteux. C'est digne d'un film d'horreur», commente Mokrane. «Nos maternités ressemblent à un dépotoir», déplore Farid A. Cette réalité ne date pas d'aujourd'hui. L'hôpital de Constantine ne fait pas l'exception. C'est le cas de tous les hôpitaux au niveau national. «Il n'y a pas que Constantine, toutes les maternités publiques se ressemblent. Zéralda, Baïnem, Aïn Naâdja, El Harrach, l'hôpital Mustapha-Pacha... et j'en passe», témoigne Allilou H, qui estime que même les cliniques privées ne valent pas mieux. A. Sonia, jeune maman, nous a fait part de son cauchemar. «J'ai vécu cette horreur lors de mon accouchement à l'hôpital de Baïnem en 2010 et je peux témoigner (avec un peu plus d'hygiène que l'hôpital de Constantine) que deux femmes étaient sur le même lit j'étais non seulement choquée mais je m'en suis voulu pendant des années de ne pas avoir opté d'accoucher dignement dans une clinique privée», regrette cette maman qui n'arrive toujours pas à oublier ce mauvais souvenir. Se rendre à l'hôpital est la pire des choses que peut imaginer un patient. Certains préfèrent crever chez eux que de se rendre à l'hôpital pour éviter cet enfer. Il faut reconnaître que des milliers de personnes souffrent au quotidien le calvaire. Manque d'hygiène, dégradation du matériel, délabrement des installations, pénurie de médicaments sont autant de problèmes auxquels font face les patients. Ceux qui ont les moyens, ils préfèrent s'adresser au privé pour garantir le minimum de prestations de service. Cette situation illustre clairement que la réforme du secteur n'a pas réglé le problème de fond. Bien au contraire, la situation s'est nettement dégradée au niveau de nos hôpitaux. Malgré les moyens financiers et matériels qui ont été déployés, il n'en demeure pas moins que nos structures sont loin d'assurer une prestation de service adéquate. Les différents responsables qui se sont succédé à la tête du secteur n'ont pas pu rétablir les choses. Les visites multipliées sur le terrain et les instructions adressées aux responsables des établissements sont restées lettre morte. Nul n'ignore qu'avec les mouvements de grève qui ont paralysé le secteur ces dernières années, la situation a empiré. Les médecins n'arrivent pas à faire convenablement leur travail pour la simple raison que la situation et les conditions de travail sont inadéquates. Les établissements de santé publique qui existent sont dans la plupart des cas saturés et les nouvelles infrastructures sont en cours de construction.