Des centaines de meetings électoraux ont été organisés tout au long d'une campagne qui n'a connu aucun dérapage. Plus de 4,6 millions de Tunisiens ont été appelés aux urnes hier pour élire leur président et désigner 189 membres de la Chambre des députés. Quelque 13.000 bureaux ont ouvert à 07h30 locales pour fermer à 16h30, en avance d'une heure et demie sur les horaires habituels pour permettre la rupture du jeûne du Ramadan. La campagne électorale qui a vu l'organisation de centaines de meetings électoraux, a été néanmoins dominée par le RCD, parti au pouvoir qui, présent dans tous les coins et les recoins de la Tunisie a mené une campagne dynamique. L'opposition quant à elle, a eu accès, pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie, à la télévision et à la radio pour défendre son programme électorale. Le temps de passage dans les médias lourds de cette opposition a été de 28 heures, contre quatre heures seulement pour le parti au pouvoir. Cet état de fait qui permet une meilleure lisibilité des différents discours en présence sur la scène tunisienne, ne devrait pas cependant révolutionner la géographie politique de ce pays. En effet, Zine El Abidine Ben Ali, 68 ans, candidat du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), est largement favori dans ces élections. Son parti a également toutes les chances d'avoir les faveurs de la majorité des électeurs pour les législatives. Face à Ben Ali se présentent deux candidats de l'opposition parlementaire, Mohamed Bouchiha (Parti de l'unité populaire-PUP) et Mounir El Béji (Parti social libéral-PSL), et Mohamed Ali Halouani, d'Ettajdid (ex-Parti communiste). Cela pour l'élection présidentielle. En ce qui concerne les législatives, ce sont six partis d'opposition qui présentent des candidats au parlement, où leur sont réservés d'office 20% des 189 sièges à pourvoir, selon un mode électoral visant officiellement à favoriser le pluralisme. A l'heure où nous mettions sous presse, hier, les résultats finaux n'étaient pas encore connus, mais l'on a relevé un taux de participation appréciable. L'ensemble des observateurs s'attendent à une victoire de Ben Ali et du RCD, tant le bilan de 17 ans de gouvernance est des plus intéressants pour le peuple tunisien. Ben Ali a réussi à faire de son pays une nation respectée par le monde et peut se targuer d'avoir un bilan économique positif. En effet, la Tunisie est le pays du Maghreb le moins nanti en richesses naturelles, mais cela ne l'a pas empêché de se positionner en bonne place sur l'échiquier régional, faisant montre d'un grand dynamisme par rapport aux autres pays du Maghreb avec un taux de croissance économique fortement soutenu, à hauteur de 7%, et sur une longue période. Développant l'industrie touristique et la petite et moyenne entreprise, Ben Ali a vu juste sur le plan économique. Au plan politique, l'on notera son attitude solidaire vis-à-vis de l'Algérie, alors que d'autres pays lui ont tourné le dos, allant jusqu'à imposer un visa d'entrée aux ressortissants algériens. Ce que n'a pas fait la Tunisie de Ben Ali.