Le ministre palestinien de l'Habitat et des Travaux publics, Moufid al-Hasayneh, a posé hier la première pierre pour reconstruire la première maison entièrement démolie lors de l'agression israélienne de l'été dernier dans la bande de Ghaza. Jusqu'ici, seules des maisons en partie endommagées avaient été réparées et il s'agit de la première opération de reconstruction à proprement parler. Mais faute de matériaux de construction, dont l'entrée se fait au compte-gouttes du fait du blocus imposé depuis neuf ans par Israël à l'enclave palestinienne, le processus de reconstruction des 18.000 habitations totalement ou en grande partie rasées devrait encore durer plusieurs années. Hier matin, M.Hasayneh a posé la première pierre de la maison de la famille Harara dans le quartier symbole de Chajaya, l'un de ceux qui ont été le plus ravagés par l'agression contre la ville de Ghaza. «La marche vers une véritable reconstruction de la bande de Gaza a été entamée et rien ne l'arrêtera», a lancé le ministre devant la presse. «Nous allons voir beaucoup de choses bouger du côté de la reconstruction des maisons entièrement détruites dans les jours à venir», a-t-il promis. Au-delà de l'obstacle du blocus, la bande de Ghaza pâtit également des promesses non tenues des donateurs internationaux et des querelles intestines palestiniennes. Le gouvernement d'union, basé à Ramallah et dont M.Hasayneh, l'un des quatre ministres installés à Ghaza, fait partie, peine à s'accorder avec le Hamas au pouvoir à Ghaza sur les opérations de reconstruction. Le mouvement islamiste l'accuse régulièrement d'abandonner les Ghazaouis à leur sort. «Nous assumons nos responsabilités et nous allons mener la reconstruction de toutes les maisons détruites par l'occupant israélien», a rétorqué hier M.Hasayneh, remerciant l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, l'Egypte, la Jordanie et la Malaisie pour leurs dons. L'Egypte, qui tient sa frontière quasiment tout le temps fermée avec la bande de Ghaza, étouffant un peu plus l'enclave, son économie exsangue et ses 1,8 million d'habitants, a récemment laissé passer deux chargements de plusieurs milliers de tonnes de matériaux de construction, notamment pour des projets de construction de logements menés par le Qatar, grand bâtisseur à Ghaza, et allié du Hamas au pouvoir. L'UNRWA, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens -plus de trois quarts des Ghazaouis- a déjà prévenu n'avoir reçu que les fonds nécessaires à la reconstruction de 200 maisons, alors qu'elle doit en construire 7000. Selon les Palestiniens, la reconstruction de la bande de Ghaza, dévastée par 50 jours d'agression israélienne ayant fait plus de 2200 morts, coûtera six milliards d'euros et devrait prendre «cinq ans dans l'hypothèse où Israël lèverait totalement le blocus de Ghaza».